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du terrain, il se produit un entraînement presque fatal des femmes vers ces manufactures, que cet entraînement amène une conséquence heureuse… [1].

Il écrit dans un autre ouvrage :

Le nombre des femmes employées dans l’industrie a diminué proportionnellement ; celui des enfants parait avoir diminué davantage [2].

Et, assez bizarrement, il conclut :

Donc il est vrai que la machine facilité l’introduction de la femme et de l’enfant dans certaines industries.

Ces contradictions trahissent l’embarras du théoricien. La Belgique, en 1880, a trouvé-, dans ses dénombrements industriels, 374 476 ouvriers et 54 279 ouvrières, soit 12,6 ouvrières p. 100. La Suisse, en 1893, a trouvé 119 204 ouvriers et 80 995 ouvrières, soit 40,5 p. 100. La Hongrie, en 1890, a trouvé 676 889 ouvriers et 42 114 ouvrières, soit 5,8 p. 100. La Suède, en 1897, a trouvé 177 964 ouvriers et 42 238 ouvrières, soit 19,2 p. 100.

D’une enquête officielle sur le travail des femmes en Autriche (1896), je détache ces lignes :

Bien des choses qui, il y a quinze ou vingt ans, étaient faites par des hommes, le sont aujourd’hui par des femmes, soit comme conséquence de l’emploi des machines, qui en rendent la confection plus facile, soit, plus souvent encore, sans qu’il existe aucun motif de ce genre… Bien des motifs se réunissent pour favoriser cette transformation et la rendre générale, en dehors même du taux moins élevé des salaires, qui joue cependant le rôle déterminant… Les nécessités de la concurrence rendent, d’ailleurs, bien difficile un mouvement en sens contraire que pourrait vouloir tenter, dans des vues philanthropiques, tel ou tel patron ou commerçant pris isolément [3].

Ce sont les États-Unis surtout qui nous donnent la preuve irrécusable de l’accroissement de la main-d’œuvre féminine et infantile au détriment de la main-d’œuvre masculine et surtout au détriment du budget des familles.

D’après le Bulletin of the Department of Labor, où on peut relever les recensements professionnels de trois époques, on constate que la proportion des ouvrières, qui était (dans l’industrie) de 19,28 p. 100 en 1870, passe à 23,83 p. 100 en 1880 et s’élève à 2 624 p. 100 en 1890. Tandis que la proportion des hommes, qui était de 1 966 p. 100 en 1870. n’atteignait que 21,59 p. 100 en 1890 par rapport à l’ensemble des travailleurs).

  1. Comparaison du travail à la main et du travail à la machine, p. 91.
  2. L’Ouvrier américain, tome II, p. 419.
  3. D’après les résultats du recensement professionnel de 1896 publiés cette année, on compte en France 1 601 000 salariés du sexe féminin dans l’industrie et les transports. Dans l’agriculture, forêts, pêches, le chiffre des salariés du même sexe est de 1 342 000. Dans le commerce, de 181 000.