s’émut à la vue de ces pauvres êtres disgracieux et pathétiquement laids et, en me détournant pour dissimuler la généreuse humidité de mes yeux, je déclarai : « Non, l’homme qui en épouse une a fait un acte de charité chrétienne qui mérite l’approbation amicale du genre humain et non sa censure amère, et l’homme qui en épouse soixante a accompli un acte de dévouement désintéressé si sublime que les nations devraient se tenir découvertes en sa présence et l’adorer en silence.
C’est un pays délicieux, en fait de palpitantes histoires relatives à l’assassinat de Gentils intraitables. Je ne peux guère concevoir quelque chose de plus intime que la soirée que nous passâmes à Lac-Salé, dans une tanière de Gentil, à fumer des pipes et à entendre raconter : comment Burton galopa au milieu des « Morisites » sans défense et suppliants et les abattit comme autant de chiens ; comment Bill-Hickman, un Ange Destructeur, tua Brown et Arnold à coups de fusil, parce qu’ils le poursuivaient pour dette ; comment Porter Rockwell fit telle et telle horreur ; comment des gens étourdis arrivaient dans l’Utah, qui faisaient des observations sur Brigham, ou sur la polygamie, ou sur quelque autre sujet sacré, et comment, le lendemain, au point du jour, on était sur de retrouver ces mêmes gens étendus au fond d’une cour, attendant tranquillement le corbillard.
La chose la plus intéressante après celle-là, c’est d’écouter ces Gentils parler de la polygamie : comment quelque vieux batracien dodu d’ancien ou d’évêque épouse une fille, la trouve à son goût, épouse la sœur, la trouve à son goût, épouse l’autre sœur, la trouve à son goût, en reprend une autre, la trouve à son goût, épouse la mère, la trouve à son goût, épouse le père, le grand-père, l’arrière grand-père, et vient, avec appétit, en redemander d’autres ; comment le petit tendron de onze ans se trouvera être la favorite, tandis que sa propre et vénérable grand mère