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de musique et qu’il ferait mieux de parfaire sa tardive vocation d’explorateur ? » M. Croche fut sollicité par un autre cigare et me dit en manière d’adieu : « Pardon, monsieur, mais je ne voudrais pas gâter celui-ci… »

Comme j’avais beaucoup dépassé ma maison, je m’en retournai, songeant à l’impartialité gronde use de M. Croche. À tout prendre elle contenait un peu du dépit que nous donnent les personnes que l’on a beaucoup aimées jadis et desquelles le moindre changement équivaut à une trahison. J’essayai aussi de me figurer M. Saint-Saëns le soir de la première représentation des Barbares, se souvenant, à travers les applaudissements saluant son nom, du bruit des sifllets qui accueillirent la première audition de sa Danse macabre et j’aimais à croire que ce souvenir ne lui déplaisait pas.

Claude Debussy


P. -S. — Les Éditions La revue blanche viennent de publier une élégante et précise traduction de la brochure de Wagner sur Beethoven. Elle contient les opinions les plus significatives de Wagner. Ceux qui aiment Wagner y trouveront l’occasion renouvelée de lui conserver leur habituel culte. Ceux qui ne laiment pas s’y fortifieront de raisons fournies par Wagner lui-même… C’est assez dire combien la traduction de M. Henri Lasvignes est utile, à quelque point de vue que l’on se place.