Page:La Revue blanche, t26, 1901.djvu/274

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui occupe 110 ouvriers, a empêché l’adhésion de son personnel ou syndicat, par un système de gratifications qui attache l’ouvrier à la maison et le détourne de revendications plus importantes.

Nous ignorons, au moment où nous écrivons cette étude, le résultat de la grève. Mais l’important était de faire observer la présence des ouvriers juifs, sans travail, dans cette profession, et l’influence involontaire qu’ils exercent sur le taux du salaire. Ajoutons que, dans ce métier, les poussières sont dangereuses à cause des matières arsénieuses introduites dans les peaux pour les conserver.

Nous n’examinerons pas, un à un, les divers métiers pratiqués par les juifs à Paris. Il suffit que nous ayons signalé leur présence. Du reste, outre la population ouvrière juive qui arrive tant bien que mal à subsister, il existe une population indigente entassée principalement dans le quartier du Marais (rue des Juifs, rue des Rosiers, etc.) Nous ne referons pas le tableau de leur misère ; elle ressemble à celle des quartiers indigents de Paris : logements humides, mal aérés, mal éclairés; alimentation insuffisante, etc., etc. Le budget annuel de la Charité israélite prouve assez l’existence du paupérisme juif, à côté des autres, non moins graves et non moins étendus.

CONCLUSIONS

Ce qui ressort tout de suite des faits irrécusables que nous venons d’exposer, c’est qu’il existe un prolétariat juif immense, et que les juifs riches, opulents, financiers, agioteurs sont une infime minorité au regard de cette population d’indigents. Cette constatation suffit pour ruiner la thèse antisémitique — si l’on peut appeler thèse une systématisation de la haine.

Il est bien évident que si M. Drumont, dont nous admettons l’absolue bonne foi, avait eu connaissance de ces faits, il aurait renoncé à rendre responsable de toutes les calamités publiques la race la plus indigente et la plus opprimée. À quoi tient cet aveuglement ?

Un homme intelligent qui fut antisémite avant de voir, d’observer et de réfléchir, va nous donner des éclaircissements.

Il y a quelques années, une violente émeute contre les juifs éclata à Kounawine. Pour faire la lumière sur la cause des troubles, le ministère confia à un magistrat attaché aux tribunaux de Pétersbourg, M. Sogoloub, l’enquête à faire sur place et le chargea d’assister le tribunal local. Voici quelques extraits des souvenirs publiés dans le Rousskoyé Bogatstwo par M. Sogoloub lui-même :

« Je dois dire en toute franchise qu’en partant de Saint-Pétersbourg, mes sentiments personnels étaient peu favorables aux juifs. Mes premières impressions à mon arrivée à Kounawine n’avaient fait que fortifier cette antipathie. Mais en suivant de près l’enquête commencée, en voyant passer sous mes yeux les accusés, les témoins et les juifs assommés et ruinés, en réfléchissant le soir sur tout ce que j’avais entendu et vu dans la journée, je