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de 2 sh. à 3 sh. 9 d., il ne reçoit plus maintenant que 1 sh. 6 d. à 2 sh. 3 d. (Fifth Report) ; pour la fabrication d’un manteau pour lequel on recevait il y a quelques années, 8 sh., on ne paie maintenant que 4 sh. 6 d. Une femme fait un gilet entièrement pour 5 d. et elle est capable den faire quatre par jour. Pour une paire de pantalons on paie 1 sh. 1 d. et 1 sh. 3 d. (Reports on the Volume, p. III). Un « presser » peut gagner 7 sh. en travaillant 16 heures par jour (Report of the Board of Trade, p. 16). Les « bultonholers » (confectionneurs de boutonnières), en général des femmes, peuvent gagner, en travaillant 12 heures par jour, de 10 à 12 sh. par semaine. M. Arnold White a montré un habit payé 7 d. ½ et, en travaillant 15 heures par jour, l’ouvrier pouvait en faire 4 et gagnait donc 2 sh. 6 d. De ce gain, il faut défalquer 3 d. pour faire les boutons et 4 d. pour l’apprêt (Fifth Report…). Il y a des femmes qui, tout en travaillant 12 heures par jour, peuvent gagner 1 sh. 6 d. par jour.

Voyons, à présent, ce qui se passe dans la confection des chaussures. Notre épouvante sera la même. Dans cette branche, on estime le nombre des ouvriers juifs à 10 000. Leur condition, dit Charles Booth, est « pitoyable à l’extrême ». Dans une tournée d’inspection le témoin a vu dans Duke Street un patron avec son ouvrier travaillant dans la cuisine, pendant que sa femme dormait dans la même pièce avec quatre enfants. Dans une autre chambre, il a trouvé un ouvrier avec son patron, pendant que la femme et les enfants dormaient déshabillés dans la même chambre (The Jewish Chronicle, 16 août 1895). Nulle limite de travail n’existe : 18 heures sont considérées comme une journée ordinaire. Les « greeners » travaillent parfois de 5 heures du matin à minuit et demi (Fifth Report…). En général on travaille de 6 heures du matin jusqu’à minuit. Un témoin a raconté qu’en arrivant d’Odessa, où il était boulanger, il se mit à apprendre le métier de cordonnier. En arrivant en Angleterre il n’avait que 3 sh. dans sa poche. Il travailla de 6 heures du matin jusqu’à minuit et ne reçut aucun salaire le premier mois. Un autre travailla la première semaine sans salaire, ne reçut rien que du pain et du café. Il avait à payer 2 sh. pour son logement, où il dormait sur le plancher avec cinq autres personnes, dont plusieurs femmes (Fifth Report…).

Il est à remarquer que chaque année le salaire diminue. Autrefois les finishers (les finisseurs) gagnaient pour une douzaine 5 sh. ; ils reçoivent maintenant 2 sh. 6 d. D’après Charles Booth, en travaillant jour et nuit, un bon ouvrier peut gagner entre 18 et 25 sh. par semaine dans la bonne saison ; un ouvrier moins habile 15 à 16 sh., mais les apprentis ou les nouveaux arrivés, 10 sh., 8 sh., 7 sh. et même moins.

Dans la fabrication des cigares et des cigarettes on compte environ 9 000 ouvriers et ouvrières juifs. Voici quelques renseignements empruntés à M. Soloweitschik (Un Prolétariat méconnu) :

« Dans ces dernières années la fabrication des cigarettes à la main a diminué à cause du perfectionnement des machines. On y emploie très sou-