Page:La Revue blanche, t26, 1901.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
LA REVUE BLANCHE

qui maintenant nous échappe un peu, qui était toute de forme, mais assez vive en sa substance pour faire comprendre les colères qui les accueillaient. Gautier énumère dans son Rapport les poètes qui en même temps qu’eux, sous d’autres couleurs, abordaient la poésie et qui furent leurs adversaires ; les louanges sont peut-être plus abondamment départies aux non-Parnassiens et notamment à Ratisbonne, Lacaussade, Maxime Du Camp, André Lefèvre (qui tient une grande place), Auguste Desplaces, Levavasseur, M. Prarond, Valéry Vernier, Eugène Grenier, Eugène Manuel, Stéphane du Halga, Thalès Bernard, Max Buchon, Grandet, Bataille, Du Boys et Rolland. Il semble, dans la juxtaposition des deux séries, avoir eu tort, comme dans une exaltation un peu excessive d’Autran parmi les artistes plus anciens ; l’essentiel est la configuration qu’il fournit du groupe, et le fond de son opinion.


Il y a encore une autre façon documentaire de dénombrer les Parnassiens, c’est celle que fournit le Parnasse contemporain, recueil paru chez Lemerre et qui, sauf népotismes et intercalations amicales, donne toute la figure de l’école, y compris, ce dont il serait injuste de la priver en une étude sérieuse, son rayonnement, ses adeptes.

Dans le premier Parnasse, les aînés admis sont Gautier, Banville, Leconte de Lisle, Vacquerie, Baudelaire, Arsène Houssaye, Philoxène Boyer, les frères Deschamps, Auguste Barbier.

Outre ces noms, outre ceux que réclame la Légende du Parnasse contemporain, on trouve Louis Ménard, qui n’apparut qu’une fois, étranger au mouvement de par les faibles qualités de son vers, mais dont on lut, de ce côté, avec profit, les œuvres philosophiques en prose et les évocations du polythéisme hellénique, André Lemoyne, poëte aimable et bien différent, puis MM. Xavier de Ricard, Léon Valade, Cazalis, Emmanuel des Essarts, Henry Winter, Armand Renaud, Eugène Lefébure, Edmond Lepelletier, Auguste de Chatillon. Jules Forni, Charles Coran, Eugène Villemin, Robert Luzarche, Alexandre Piédagnel, F. Fertiault, Francis Tesson, Alexis Martin. Une série terminale de sonnets semble constituer une sélection voulue.

La seconde série du Parnasse accueille Mme de Callias, Mme Blanchecotte (une doyenne). MM. Ernest d’Hervilly, Henri Rey, Mme Louise Colet, M. Anatole France, Léon Cladel, Alfred des Essarts, Antony Valabrègue. MM. Armand Renaud, André Theuriet. Jean Aicard, Georges Lafenestre, Frédéric Plessis, Robinot-Bertrand, Léon Grandet, Gustave Pradelle, Mme Penquer, Louis Salles, Eugène Manuel, Laprade et Soulary y furent vraisemblablement invités, ainsi que Charles Cros, poëte trop autonome pour être là autrement qu’en visiteur.

À la troisième série du Parnasse, l’effectif s’accroît ; d’autres déférentes invitations amènent Mme Ackermann, Autran, Jules Breton, peintre critique et poëte (où excella-t-il !), Édouard Grenier, poète universitaire des plus médiocres, dont quelques études sur Heine sont curieuses à cause d’un ton d’égalité comique, Paul de Musset, Ratis-