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La copie du chèque ci-jointe le prouve, et montre aussi de quelle façon infernale les missionnaires l’en ont frustrée.

(Traduction du chèque reproduit ci-contre)

« Chèque. Je, émetteur de ce chèque, Tsien-taï-tchang, par suite d’extrême nécessité, demande instamment au bureau de la banque Bao-cheng, sur le compte courant que je possède chez elle, soit sur les six mille onces d’argent qui m’appartiennent, de payer comptant à M. Ta-li-Fong, missionnaire catholique[1], la somme de cinq mille onces d’argent.

Donné à Khouang-yuan-hsien en Chan-si, an 26 de Kouang-sou, troisième mois, cinquième jour.

L’emetteur de ce chèque Tsien-taï-tchang.

Tsien-taï-tchang, banquier. »

Cet ignoble chantage avait été perpétré de la façon suivante. Les missionnaires et leur chef M. Ta-li-goung avait pour leur commerce de soie un compte-courant ouvert chez M. Tsien.

  1. Je n’ai pas de moyens d’investigation qui me permettent d’identifier ce personnage. Le nom chinois n’a rien qui puisse surprendre. Les Chinois, qui nécessairement ne trouvent pas de sens aux noms européens, ont l’habitude de donner aux étrangers qui séjournent chez eux des noms chinois arbitraires et qui, comme par une convention tacite, acquièrent force légale en ce sens que dans tous les documents commerciaux ils suffisent pour désigner l’individu. Ainsi j’avais du adopter le nom Hsi-li (droiture d’Occident), lequel, du reste, ne m’a jamais valu de désagréments quoique le mot « Hsi » Occident y figure.

    Missionnaire catholique : « Tien-tch-tziao-jen. » homme de la doctrine du Seigneur-du-Ciel ; il est donc probable que c’est un jésuite, cet ordre dominant toutes les missions catholiques en Chine.