et une ; dans la Loire-Inférieure les minotiers réduisent leur production aux besoins locaux.
Dans le Nord, c’est pire : Ainsi dans la région d’Armentières pour les filatures de fin et d’étoupes et le tissage mécanique les patrons restreignent la production et procèdent à des lock-outs importants. À ce sujet l’Office du Travail est précis :
« Conformément, dit-il, à une mesure générale appliquée à la presque totalité des filatures de France, portant réduction de la production d’un sixième, quelques filatures ont réduit dans cette proportion le nombre de leurs broches ; d’autres, le nombre de leurs employés ; certaines ont arrêté un douzième de leurs broches… les salaires se maintiennent péniblement. Le chiffre des chômeurs est estimé de 10 à 15 % dans le tissage mécanique la durée du travail, depuis un an, va en diminuant par suite de la tendance à restreindre la production… »
À Lille, (juin 1900), la teinturerie Descot ferme ses ateliers : 560 ouvriers sans travail. Production réduite dans l’industrie linière, etc.
Il résulte de ces constatations, que les grèves patronales sont nombreuses, fréquentes et universelles. D’ailleurs nous avons montré que beaucoup de prétendues grèves ouvrières, surtout dans ces dernières années, n’étaient que des grèves patronales déguisées. Il y a des cas où la grève patronale est imposée par la nécessité d’éviter la ruine, mais ces cas sont l’exception ; aujourd’hui tout arrêt du travail dans l’industrie correspond aux exigences de la concurrence, de la production rapide et abondante (par les méthodes intensives de la machinerie) suivie d’un arrêt périodique.
Les trusts américains en sont la preuve. Pour produire, il est nécessaire d’avoir des capitaux énormes, un outillage compliqué et coûteux, un personnel peu payé. Enfin il est nécessaire de suspendre la production, soit pour faire la hausse, soit pour enrayer la baisse, soit pour diminuer les salaires ou restreindre le personnel, ou remplacer la main-d’œuvre masculine par la main-d’œuvre féminine ou infantile. La grève patronale fait partie intégrante du régime capitaliste ; elle est un anneau de l’évolution industrielle. Voilà pourquoi toutes les législations ont échoué contre les trusts [1].