Dans la seule année 1886 on a compté 24,87 % du nombre total des établissements fermés pour cause de lock-outs.
De 1886 à 1894, les ouvriers du bâtiment subirent 531 lock-outs. Les ouvriers de la confection 773.
Les coups de spéculation, dit M. Vigouroux, les crises de crédit, les remaniements perpétuels des tarifs de douane, tout conspire à accentuer le caractère spasmodique de l’industrie américaine.
Qu’on lise les statistiques annuelles de l’immigration ou du commerce extérieur, on trouve à tout bout de champ des soubresauts prodigieux en avant et en arrière. Après le boom, la courte période d’excitation enragée, vient la crise (le doom) ; puis la dépression, le marasme, qui se prolonge pendant plusieurs années consécutives. Au point de vue des ouvriers américains, toutes ces influences aboutissent au même résultat : augmentation perpétuelle du nombre des sans travail [1].
Chaque pool, chaque trust est une grève patronale.
Pour diminuer la production, les pools ont recours à deux procédés, dit Paul de Rousiers, ou bien ils ferment complètement quelques-unes des usines syndiquées, ou bien ils réduisent le nombre des ouvriers ou celui des jours de travail dans toutes.
Ainsi dans le pool des wall paper (en 1880), chaque fabrique s’engageait à ne pas vendre au delà d’une certaine quantité sans verser dans la caisse générale le profit du surplus. Et on était convenu que quiconque accorderait à sa clientèle un rabais sur le prix fixé par le pool serait frappé d’une amende de 1 000 dollars. La moitié de cette somme était abandonnée comme prime de délation.
Au début, le pool gagna beaucoup d’argent et parvint à arrêter la surproduction, non sans gros sacrifices, car on cite un manufacturier auquel une indemnité annuelle de 20 000 dollars fut accordée (to cease production). (Voir The Modem Distributive Process, by F. Giddings.)
Dès 1887, époque de la formation du Sugar Trust aux États-Unis, deux raffineries à New-York, deux à Boston (1 500 ouvriers dans cette ville) et plusieurs autres, arrêtèrent ou restreignirent la production. En même temps la prime de raffinage montait de 32 % à 56 % de la valeur du sucre brut. Le bénéfice fut de 12 % du capital nominal en quatre mois ; 48 % de la valeur primitive.
À supposer que le personnel fût plus restreint, ce résultat ne pourrait tenir qu’à deux causes, dit M. de Rousiers, qui, l’une comme l’autre, dominent les patrons comme les ouvriers, dont les patrons, par conséquent ne sont pas responsables [2]. Ou bien, en effet, on a moins d’ouvriers parce qu’on produit moins, et si tel est le cas, c’est que le marché se refuse à absorber une production supérieure ; ou bien la réduction du personnel est