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content encore que de vos excellentes filles, l’une au moins (et toute sa famille) soit sauve. Car être déshonorée par la force bestiale serait-ce plus déshonorant que d’être mordue par un chien enragé ?
L’enveloppe de la lettre du 10 décembre 1900.
C’est un malheur, non pas une honte. Que le Ciel vous donne la tranquillité de l’âme !

J’élève un autel à la sublime mémoire de votre vertueuse fille, mon épouse, assassinée pour sa vertu. Et je prie pour notre vengeance et pour votre bien-être.

Tsien-lao-gong


Ces lettres montrent nettement quel est le fruit de la campagne chinoise. Les prétoriens occidentaux n’ont point par leurs exploits préparé une base à des empires coloniaux ou même à de simples sphères d’influence commerciale : ils ont préparé le terrain à la suprématie russe. Ce résultat grave semble, à première vue, inexplicable ; qu’il suffise de dire qu’il n’est pas un hasard, mais le fruit attendu d’une politique de longue main.

Ce qui frappe, dans toutes les lettres se rapportant à l’invasion européenne, quels qu’en soient le lieu d’expédition et l’occasion, c’est qu’on y trouve mentionnés l’antagonisme russo-allemand, la haine du kaiser et le messianisme du tsar ; les autres alliés ne se sont pas implantés dans l’esprit du Chinois.