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Table de marbre (25 pieds carrés) 2 mq 32
Nombre d’ouvriers
employés
Nombre
d’opérations
Nombre
d’heures
Dépense totale
en main-d'œuvre
À la main 
2 1 6 000       500 dol.    
À la machine 
3 3 11.30 2 dol. 2

M. Ringelman a fourni à M. Levasseur, sur les travaux agricoles, des renseignements comparatifs d’où il résulte que le labour d’un hectare de terre prend 80 jours à la bêche et 2 jours ½ seulement avec une charrue attelée de chevaux : que la récolte d’un hectare de blé dure 3 jours à la sape et de un tiers à un cinquième de jour à la moissonneuse-lieuse.

Pour le battage du blé, le travail comparé est plus saisissant :

Au fléau, un homme donne de 1 hectolitre ½ à 2 hectolitres de blé par jour ; la machine (batteuse à double nettoyage à vapeur, desservie par 40 personnes) donne 190 à 200 hectolitres par jour.

C’est l’emploi de ces 40 personnes qui fausse l’opinion des économistes sur le chômage : « 40 personnes au lieu d’une, disent-ils, c’est donc qu’il y a occupation énorme de la main-d’œuvre.

Mais combien de temps dure cette occupation ? Tout est là. En effet, 200 hectolitres de grain représentent environ 100 à 150 journées au fléau. Il y a donc diminution considérable du temps de travail, c’est-à-dire chômage.

On pourrait multiplier les citations. Les résultats sont toujours pareils : économie de temps, économie d’argent sur la main-d’œuvre, augmentation apparente des ouvriers occupés (apparente à cause de la division du travail), en réalité diminution du temps de travail total, c’est-à-dire chômage normal, naturel, inévitable. Ajoutons enfin que pour les privilégiés qui travaillent, le salaire moyen a diminué. En effet, en additionnant les 672 cas de l’enquête Carroll D. Wright, on trouve 190 838 dollars pour le travail à la main et 12 185 dollars pour le travail à la machine, soit environ 15 fois et demie moins.

CONSÉQUENCES

La machine perfectionnée, multipliée, a nécessité la concentration de la grande industrie : la petite industrie et le petit métier ne pouvant pas disposer d’un outillage aussi coûteux. Il faut des capitaux, beaucoup de capitaux. Nous ne sommes plus à l’époque où « l’économie, l’épargne » faisaient quelque chose pour l’avenir et le développement d’une industrie. Aujourd’hui, les économies sont inutiles, insuffisantes et peut-être même dangereuses.

Nous avons dit que la grande industrie avec son outillage perfectionné rendait le « métier » superflu. En effet, les professions d’artisans disparaissent. Dans tous les pays industriels, le nombre de ceux qui travaillent pour une clientèle personnelle diminue. En 1897, le Reichstag