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1° de la forme et de la nature même de la production, c’est-à-dire des procédés de fabrication coûteux (par l’emploi d’un outillage cher) qui exigent une production abondante et rapide ; 2° de la concurrence elle-même qui oblige les producteurs à fabriquer beaucoup et vite par raison d’économie.

On voit donc qu’il ne reste en présence que deux considérations de réelle valeur : 1° celle qui est indiquée par les 22 membres annonçant la transformation rapide des machines et de l’organisation actuelle du travail ; 2° celle qui est indiquée explicitement ou tacitement par les 38, les 28 et les 27 : la concurrence.

On remarquera que le tableau des causes fourni par les syndicats ouvriers est presque identique à celui que nous venons d’analyser lequel émane des patrons ou des membres du Conseil supérieur du travail. Remarquons néanmoins que dans le second tableau figure une explication nouvelle : les syndicats ouvriers dénoncent l’emploi des femmes et des enfants dans l’usine comme une cause de chômage. C’est une apparence. L’introduction de la femme et de l’enfant est le plus souvent une conséquence de l’outillage mécanique, qui peut s’accommoder dans beaucoup de cas d’un simple manœuvre ou d’un être faible.

Disons en passant que ce n’est pas par « compassion » que l’ouvrier s’indigne de l’emploi de la femme et de l’enfant à l’usine. Sa rude existence, l’habitude et la nécessité, ne lui permettent guère d’entrer dans ces considérations. La vérité, c’est que la femme et l’enfant ont fait baisser le taux des salaires dans la plupart des métiers.

Reste donc deux causes capitales, concurrence et machinisme. Mais, à bien considérer, ces deux causes se confondent ; ou mieux, elles l’engendrent. Qu’est-ce que le machinisme, en effet, sinon le moyen par excellence de concurrencer ? L’outillage mécanique est l’arme ; la concurrence, le stimulant ; l’enrichissement, le but.

La principale cause du manque de travail, c’est précisément le perfectionnement et la transformation de ce travail. D’ailleurs, si la machine apparaît en première ligne n’oublions pas qu’il faut compter aussi avec les progrès de la chimie, les méthodes de culture intensive, etc.

Le développement de la machinerie considéré comme facteur important du chômage est signalé par :

M. Chappée, fondeur, secrétaire de la Chambre de Commerce du Mans ;

M. Charvet, teinturier, président du Conseil des prud’hommes de Lyon (tissus) ;

M. Delahaye, mécanicien à Saint-Ouen ;

M. Deville, ouvrier bijoutier ;

M. Favaron, président de la Chambre consultative des Associations ouvrières de production ;

M. Jour, membre du Conseil d’administration de la Chambre syndicale ;

M. Keufer, typographe, secrétaire général de la Fédération Française des travailleurs du livre ;