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le bagne militaire d’oléron
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— Exagérer ! Ah bien oui ! On voit que vous ne connaissez pas ces oiseaux-là… Mais d’abord ils ont des têtes ! ils sont rasés comme des vrais forçats… et puis habillés ! faut voir ça : ce ne sont plus des hommes… ils en sont dégoûtants. Je vous dis, le crime est inscrit sur eux.

— Mais on les force à être comme cela.. J’en ai rencontrés en corvée : il me semble que, les moustaches repoussées et vêtus convenablement, ils ne seraient pas plus mal que nous…

— Bien sûr qu’on les force ! Celui qui ne voudrait pas… vous savez… on a des moyens… Quand même ils seraient mieux habillés, ils ne pourraient pas être comme nous. Du reste, si l’on a fait ça, je crois bien que c’est pour que nous puissions les dominer. Vous comprenez, à côté de nos habits retaillés, de nos galons et de nos képis fantaisie, ils font triste mine, les Cocos ! Il y en a que ça intimide d’être sales ; et puis, sans moustaches, ils ont l’air de gosses ou de larbins. Ça les vexe beaucoup, ça.

Voyant que je l’écoutais avec complaisance, le gradé reprit, rancunier :

— Je vous disais tout à l’heure que, si on les laissait faire, ils nous tueraient ? Eh bien ! au Sénégal, il n’y a pas très longtemps, un puni de cellule n’a-t-il pas rempli sa gamelle de ses excréments… Oui… parfaitement… et quand le sergent est entré, il lui a foutu ça dessus ! Heureusement que ça ne l’a atteint qu’à l’épaule… Vous croyez que c’est agréable, ça… Non, je vous dis, ces gens-là il n’y a rien à faire avec eux !

— Mais il avait un motif, cet homme ?…

— Un motif ? pas du tout. Il était en cellule de correction ; il aurait voulu que le sergent se fasse foutre dedans en lui donnant à manger : monsieur rouspétait parce qu’il y avait trois jours qu’il n’avait pas eu de gamelle, et le règlement dit qu’on ne doit en donner que tous les quatre jours. Ainsi il n’avait rien à dire. Et puis de quoi se plaignait il ? Il avait son quart de pain.

— Ça ne fait rien… trois jours au pain sec, c’est dur.

— Oh ! c’est rien, ça ! Oh là là ! il y en a qui restent des mois en correction. Ils ne bouffent pas souvent, allez ! Surtout que, lorsqu’ils veulent faire les zigotos, on ne leur donne plus rien du tout.

— Et qu’a eu le disciplinaire pour ce fait ?

— Oh ! pas grand-chose… trois ans de trav’… Ordinairement c’est plus.

— Il pouvait être condamné à mort ?

— Oui. Mais, je ne sais pourquoi, le conseil a trouvé des circonstances atténuantes… D’ailleurs, il ne condamne plus si souvent à mort, le conseil… (D’un ton très naturel :) aussi nous exécutons nous-mêmes.

— Comment ! vous exécutez vous-mêmes ?

— Mais bien sûr ! Nous avons toujours un revolver sur nous, vous savez. Six balles dans le rigolo, c’est le règlement… Pour plus de