Les préparatifs de l’ébouillantement et de l’enfumement ayant été commencés, les disciplinaires cédèrent. Le même jour, des ordres spéciaux furent donnés aux gradés relativement à l’emploi du revolver, qui devait répondre à toute velléité de rébellion. Une conférence fut faite par les officiers de la Discipline aux sous-officiers et caporaux, touchant l’emploi des fers et les meilleures méthodes pour arriver à vaincre rapidement les résistances. Le passage à tabac y fut préconisé comme fort efficace.
Dans un « débit », je prenais mon café.
Un sergent-fourrier vint s’installer en face de moi à l’unique table de l’établissement.
La lampe éclairait mal. J’engageai la conversation sur le mauvais éclairage et, en quelques minutes, l’amenai sur le service.
Deux sous-officiers photographiés dans la citadelle d’Oléron.
(Au second plan, le sergent-fourrier de la 1re Cie.)
Le hasard me servit à souhait en me donnant pour interlocuteur le sergent-fourrier de la 1re compagnie du corps des disciplinaires.
De cette conversation je ne rapporterai que les passages ayant trait à la discipline.
. . . . .
— Mais qu’est-ce que c’est au juste que ces disciplinaires ?
— Ah ! ne m’en parlez pas ! Un tas de crapules, de bandits, de voleurs… C’est comme qui dirait le rebut de la société, le rebut de l’armée, la boîte aux ordures… Vous comprenez, ils viennent là en attendant d’aller aux travaux publics ou d’y retourner ; puis, après quelques années de bagne, ils reviennent. Tenez : l’autre jour on en a libéré un qui avait quinze ans de service !
— Assurément, il eût mieux fait de se rengager tout de suite.
— C’est ce que je me dis aussi. Moi, j’aurai 800 francs de retraite, alors que ce type-là crèvera de faim… Mais tous ces gens-là n’ont que le crime dans la tête… On les laisserait faire, ils nous tueraient tous !
— Oh ! vous exagérez !