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la revue blanche


les poucettes de l’adjudant hervé
Réduction : ½ (Collection de l’auteur).
Suivant la grosseur des pouces ou le calibre des poucettes, après un nombre plus ou moins grand de tours de l’ailette remontant la plaque de serrage, l’homme perd connaissance et le sang transsude par les pores de l’extrémité du pouce. Quelques minutes après la mise aux poucettes, la partie extrême du pouce enfle ; l’arrêt de la circulation donne à la chair des tons violâtres ; le pouce s’insensibilise alors par l’excès même de la douleur, à condition toutefois qu’on ne réveillé pas cette douleur par des mouvements : afin d’aggraver la torture, les gradés, qui connaissent cette particularité, viennent secouer ou tirer les poucettes.

Si l’application des poucettes provoque une souffrance terrible, leur retrait n’est pas moins douloureux : les gradés, au lieu de retirer les poucettes en faisant tomber à leur position inférieure l’ailette taraudée et la plaque de serrage, ne les abaissent que d’une longueur suffisante pour que le pouce, s’il était à son état ordinaire, put passer, en sorte qu’il s’opère une pression sur l’œdème de la partie extrême du pouce : de plus, au lieu de faire sortir les pouces d’un seul coup, ce qui serait moins pénible, ils donnent alternativement de toutes petites secousses à droite et à gauche.

Quant à la durée de ce supplice, elle dépend du bon plaisir du gradé.

disciplinaire aux poucettes et sa gamelle, oléron
(D’après une photographie au magnésium.)