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la revue blanche

disciplinaires d’oléron à la barre de justice
(D’après une photographie au magnésium.)


ont les pieds en dessus de la barre, sont étendus sur la dalle et ne peuvent bouger ; parfois, pour aggraver la position, on croise les pieds du patient, de sorte que le pied droit soit dans l’anneau gauche, et le pied gauche dans l’anneau droit.

Pour manger sa gamelle, étant à la barre de justice fixe, l’homme est forcé de s’asseoir les pieds en l’air, mais ne peut se retourner ; or, comme les gradés qui apportent la soupe ont soin de faire poser la gamelle derrière lui, l’homme, avant de pouvoir mettre sa gamelle devant lui pour la saisir commodément, est forcé de faire une gymnastique au cours de laquelle il arrive souvent que la gamelle se renverse : c’est alors un jour de jeune supplémentaire. De même pour les bidons d’eau.

De quels crimes faut-il qu’un disciplaire soit accusé pour être à la barre de justice ? Si l’on prend le règlement, on voit que seul l’état de fureur ou l’état de démence impliquent la mise aux fers. De plus, le règlement prescrit que la mise aux fers s’effectue en présence d’un officier agissant sur un ordre écrit du commandant d’armes de la place et qu’une heure au plus tard après la mise aux fers un médecin major constate de visu si la santé de l’homme ne risque pas d’être atteinte par la punition : le règlement stipule formellement que les fers doivent être retirés aussitôt que l’étal de fureur a cessé.

Réglementer la torture quand toutes les passions du tortionnaire sont