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le bagne militaire d’oléron
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Tels sont les lieux où s’accomplissent les ultimes répressions de la discipline militaire française.

Une condition intervient encore pour donner tout leur caractère à ces punitions : la durée.

Le fait que le nombre de jours de punition infligés, d’un seul coup, à un disciplinaire ne puisse dépasser 30 jours pour la prison ou la cellule simples, 28 jours pour la prison aggravée, la cellule aggravée ou la cellule de correction — ne signifie nullement que ce temps ne puisse être dépassé : car il y a la rallonge, et les gradés qui gouvernent à Oléron savent manier cette rallonge avec une telle habileté que certains hommes restent des mois entiers à s’atrophier dans les cellules. Le règlement n’est que le point de départ d’un indéfini qui trouve sa seule limite dans la cruauté du chef.

barre de justice.
Réduction au 1/5, d’après le Journal Militaire (1868, n° 3).

Les Fers. — Enfin, comme ces divers régimes, si terribles qu’ils soient, n’ont pas paru suffisants aux bureaucrates qui élucubrent les règlements, ces bureaucrates, sans oser aller jusqu’à l’ancienne torture, ont tenu quand même à meurtrir la chair des hommes, et, pour les disciplinaires, ils ont établi les fers, que l’on nomme aussi barre de justice.

Au dépôt d’Oléron, on se sert de deux sortes de barres : des barres individuelles fixes ou mobiles à volonté, comprenant chacune une paire de pédottes et une barre fixe à deux paires de pédottes.

Les premières sont employées pour les punis de cellule de correction.

Chaque cellule est munie de deux pitons scellés qui permettent aux gradés de fixer la barre s’ils le désirent. Mais comme ces pitons sont élevés d’environ 0m  75 au dessus du sol, et de telle façon que le corps soit étendu dans le sens de la largeur, l’homme mis à la barre de justice fixe, dans les petites cellules de correction, ne peut s’étendre complètement sur l’échine : il a les pieds en l’air, la partie lombaire de la colonne vertébrale à terre et la partie cervicale pliée contre la muraille ; il est en forme de V.

La seconde barre sert pour les punis ordinaires de fers et est scellée à la partie inférieure du mur, au fond du couloir des cellules simples. Elle a environ 0m  70 et est passée dans deux pitons à scellement. Les hommes