ses conséquences au point de vue de la discipline ? Le commandant Dagnau bondit d’indignation, et, comme les disciplinaires, s’ils cessaient d’acheter des vivres, continuaient à acheter du tabac, il décida de les priver du seul plaisir qui soit toléré, et, de sa propre autorité supprima ce qu’un décret établit : l’argent de famille. Plus d’argent, plus de tabac, de papier, d’allumettes. Les disciplinaires cédèrent et revinrent à la gobette se faire estamper.
« Quelque temps après cette grève de consommateurs, le vin à Oléron descendit à des prix très bas ; cependant notre cantinier le maintint au même tarif : d’où, une réclamation générale des hommes et du cadre armé. Par ordre du commandant Dagnau, le cantinier continua son fructueux commerce : il fut même défendu aux sous-officiers de se procurer du vin ailleurs.
«… Consignés perpétuellement, les disciplinaires sont forcés de faire tous leurs achats à la cantine. Étant donné la modique somme mise à leur disposition, ils hésitent souvent à acheter un paquet de tabac de 50 centimes, se contentant de prendre cette denrée par trois ou quatre sous. Ces jours derniers, un homme ayant demandé pour 20 centimes de tabac, le cantinier lui donna un de ces paquets qu’il tient tout préparés (soi-disant pour servir plus rapidement). Le disciplinaire s’aperçut que le paquet ne contenait pas le poids, et il exigea ses 16 grammes. Immédiatement le cantinier, de sa propre autorité, décida de ne plus vendre que des paquets de 50 centimes : les réclamations qui jusqu’ici ont été faites sont, restées lettre-morte.
L’appui que rencontre ce cantinier dans cette exploitation éhontée des disciplinaires est facilement explicable : la cantinière est une amie très intime de la femme du lieutenant faisant fonction d’adjudant-major et, d’autre part, le cantinier est ouvertement protégé par une amie du commandant. Il faut donc qu’envers et contre tous ledit cantinier fasse fortune. »
À gauche le fournisseur de la troupe ; à droite le sergent Lacroix.
(Photographie prise par l’auteur dans l’intérieur de la citadelle, sur les batteries.)Les petits trafics de l’Ordinaire. — Les Cocos sont nourris de manière à ne pas périr de faim. Quelques faits vont faire comprendre pourquoi leur nourriture est insuffisante et de mauvaise qualité.
Les dépôts disciplinaires d’Oléron possèdent en dehors de la ville, entre la mer et la porte Dolus, juste derrière une ancienne carrière transformée en lagon, un immense jardin, dit « Jardin de la troupe ». Tous les jours, de nombreuses corvées, soit de Peaux de lapins, soit de Cocos, travaillent à ce jardin. Réglementairement, la récolte intégrale devrait être versée à l’ordinaire. En fait, elle est intégralement dévolue aux officiers et sous-officiers.
Non seulement les graines et four-