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étaient décorés avec beaucoup de goût. Des aquarelles étaient suspendues, ainsi que des rouleaux de papier portant des inscriptions tirées d’ouvrages philosophiques.

Il y avait aussi un orchestre, composé de tambours, de timbales, de cimbales, de gongs, de cornets, de flûtes, de castagnettes, de violons, et d’une quantité d’autres instruments encore, dont l’effet d’ensemble était saisissant.

Tandis que la foule s’amusait aux tableaux et aux concerts, les diverses cérémonies se célébraient à l’intérieur du temple. Cet édifice, entièrement neuf, avait une double ornementation, une permanente et une temporaire. La première consistait en fresques, sculptures sur bois, figures en bas-reliefs. La décoration temporaire se composait de bannières, de bouquets de fleurs, de peintures.

Des prêtres bouddhistes adoraient Bouddha dans le hall central, tandis que, dans les autres halls, les fidèles allaient çà et là, offrant des aliments, allumant des cierges, brûlant de l’encens.

Dans ma ville natale, de semblables fêtes locales ont lieu trois ou quatre fois par semaine.

Mais il y a aussi des fêtes que l’on pourrait appeler nationales, parce qu’elles sont observées par tout le pays.

Les premières et les plus importantes de ces fêtes nationales sont celles du Nouvel An, que l’on célèbre avec beaucoup d’éclat, par des feux d’artifice, des festins et des réjouissances. Pendant une semaine ou deux, toutes les affaires chôment, tout le monde s’adonne à la joie. Les enfants, ces jours là, sont bourrés de friandises ; et les pétards font bien des trous dans leurs habits de fête. On donne des cadeaux aux domestiques, et les mendiants non plus ne sont pas oubliés. C’est la plus joyeuse saison de l’année, l’époque où la charité est plus charitable, où la bienveillance est plus aimable encore que d’habitude.

Ensuite, vient la fête des Lanternes. La principale particularité de cette fête, comme son nom l’indique, consiste en une procession aux lanternes de toute forme et de toute espèce. Dès la tombée de la nuit, des hommes et des jeunes gens s’avancent en monôme, tenant à l’extrémité d’un bâton, qui un grand oiseau en papier, qui un quadrupède, qui un poisson, à l’intérieur duquel brûle une bougie. On rencontre quelquefois des formes vraiment fantastiques, et l’on pille les livres de mythologie pour y trouver des images bizarres.

Imaginez-vous trois ou quatre cents de ces lanternes, qui passent devant vous, toutes brillant des plus riches couleurs. L’on brûle du bois de santal sur des brasiers placés au sommet de petits pavillons mobiles, et des troupes de musiciens mêlent leurs sons tintamarresques aux applaudissements des spectateurs et aux plaisanteries des hommes qui composent la procession.

Pour finir, un immense et terrible dragon de quarante pieds de longueur s’avance, porté par douze ou vingt hommes.

Il y a encore, pendant le quatrième mois de l’année, une autre procession pareille à celle-là ; mais elle a lieu le jour, plutôt que la nuit.