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de la fortune, de la médecine. Il y a les déesses pour femmes mariées et pour marins. Il y a un petit nombre d’idoles supérieures que l’on adore. La fertile imagination des Chinois remplit de fantômes, de génies et de divinités les forêts, les lacs et les habitations. Ils croient l’autre monde un reflet de celui-ci. Ils supposent que les morts ont, dans le monde souterrain, tout ce qu’ils ont eu sur la terre ; seulement, ces objets existent à l’état d’ombres et non de substances.

Le bouddhisme fut importé en Chine, à peu près à l’époque du Christ. Un empereur de la dynastie de Han, ayant entendu parler de l’apparition d’un sage, dans l’ouest, lui envoya une ambassade qui rapporta ses enseignements.

Sans doute, la renommée du merveilleux Nazaréen s’était répandue dans le nord de la Chine, par les récits de marchands européens et arabes, et elle était ainsi parvenue aux oreilles du monarque chinois. L’ambassade s’en fut à longues, pénibles et périlleuses journées. Mais en longeant la frontière de l’Inde, elle entendit parler de Bouddha et de sa belle doctrine.

Elle supposa que c’était lui le sage qu’elle avait mission de voir, et elle dirigea ses pas vers l’intérieur de l’Inde.

Or, Bouddha était mort depuis peu. Les ambassadeurs se contentèrent de rapporter en Chine sa doctrine. Sur l’ordre de l’Empereur, on fit bon accueil au bouddhisme. Mais le bouddhisme moderne et idolâtre n’est pas la doctrine enseignée par Bouddha.

Les prêtres et les religieuses bouddhistes vivent retirés du monde ; dans des monastères et des couvents. Ils portent un costume spécial et ont la tête entièrement rasée.

Ils se nourrissent d’aliments végétaux, et gagnent leur vie par leurs chants, ou en célébrant des sortes de messes, ou encore en mendiant.

Parfois, cependant, et comme pour rompre la monotonie de leur existence, ils commettent des crimes qui les exposent à la vindicte des lois outragées. Les monastères et les béguinages bouddhistes étaient jadis des maisons de refuge pour une certaine catégorie de criminels. Ceux qui arrivaient et se faisaient novices bouddhistes étaient exempts de châtiment.

Les classes élevées méprisent à la fois les taoïstes et les bouddhistes. Néanmoins, en cas de maladie ou de mort ils ont recours à eux.

Il n’y a rien, dans les religions de la Chine, qui corresponde au dimanche chrétien. L’idée du repos n’entre pour rien ni dans nos jours saints, ni dans nos célébrations d’anniversaires. Au lieu d’églises, nous avons nos temples, où se manifeste le très haut talent architectural des Chinois : ils n’ont qu’un étage et sont bâtis en briques.

Souvent, ils sont très spacieux, et comprennent une suite de constructions alternant avec des cours et flanquées d’autres édicules destinés aux moines et aux religieuses.

La principale idole est placée dans le hall intérieur et habillée de vêtements correspondant à sa dignité.

Puis, dans chaque temple, il y a généralement un grand nombre