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la signification des mots et des phrases s’apprend et devient familière.

La classe du soir est employée par les élèves âgés à écrire des compositions en prose et en vers, et par les petits à lire la leçon du lendemain.

Telle est la routine habituelle, l’ordre des exercices dans les écoles chinoises.

On n’apprend pas la grammaire comme une science et l’on n’apprend pas non plus les mathématiques.

La langue et la littérature, comme je l’ai dit, occupent l’attention de l’enfant cinq ou six ans. Ensuite on y joint des essais en prose et en vers. Des prix publics sont accordés pour la réussite dans ces deux branches par le sous-chancelier littéraire, mais il n’y a ni examens publics ni déclamation, bien que les pères chinois visitent parfois les écoles.

Les relations des deux sexes sont telles qu’une mère chinoise n’aurait jamais la présomption de passer le seuil de la porte de la salle d’étude pour s’informer des progrès de l’instruction de son fils.

Les parents fournissent les livres de texte, qui sont reliés ensemble et imprimés d’ordinaire avec un caractère stéréotypé.

D’ordinaire, les élèves se conduisent bien, sinon le rotin entre bien vite en jeu. Les maîtres chinois ont une méthode spéciale de punir.

Je me souviens d’un épisode de ma vie d’écolier qui éclairera ce fait.

Un soir, comme le maître était plus en retard que d’habitude après la pause de midi, quelques écoliers commencèrent à en prendre à leur aise. Ils poussèrent la plaisanterie jusqu’à faire éclater des pétards. Comme ils étaient en plein jeu, faisant retentir la salle de leur tapage, le maître arriva tout indigné.

Ses yeux louches dardaient et plongeaient çà et là, cherchant le coupable, mais il n’arrivait pas à le placer dans la ligne de son rayon visuel. Sans qu’il le vît, le polisson s’enfuit à son banc en passant sous les pupitres.

Le vieux monsieur saisit alors le rotin, et d’un ton retentissant demanda qui avait mis le feu aux pétards. Comme bien vous pensez, nul ne répondit. Alors il nous battit tous disant qu’il était sûr de la sorte de frapper le coupable et que, d’ailleurs, nous méritions tous le fouet pour ne l’avoir pas dénoncé.

Vraiment, de mon temps, les sentiers de la science chinoise étaient semés de ronces et d’épines.

Yan-Fou-Li

Traduction L. Charpentier.