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acheter, pour une même somme, cinq à six fois plus de provisions ou de vêtements qu’en Amérique.

D’ordinaire les écoles s’ouvrent après le nouvel an et les cours se continuent jusqu’au milieu du douzième mois avec çà et là quelques jours de vacances. Cependant, si le maître est candidat à quelque degré littéraire, il est d’usage que les élèves aient en été un congé de six semaines.

Au moment des fêtes du nouvel an, un mois est consacré aux plaisirs et au repos. Le pupille chinois n’a pas, comme les garçons et les filles d’Amérique, vacances et congé le samedi et le dimanche.

L’école ouvre tous les jours de six à dix heures du matin, heure où l’on va déjeuner chez soi. À onze heures, on retourne à l’école ; à une heure, repos d’une heure pour le goûter. De deux à quatre heures, c’est la classe de l’après-midi. À vrai dire, tout ceci est approximatif, car aucun maître n’est tenu à l’observance d’aucune règle absolue.

Il a la liberté de régler ses heures comme il lui convient.

À quatre heures l’école ferme jusqu’au lendemain.

Les écoles se tiennent tantôt dans une maison privée et tantôt dans la grande salle d’un temple. D’habitude, on choisit pour en faire une école le temple qui contient les tablettes des ancêtres, parce que ces temples sont sans usage, qu’ils sont plus ou moins solitaires et généralement vastes. Dans une grande salle ouverte par côté sur une cour et ayant un haut plafond, vous pouvez voir tout à fait à droite, dans une encoignure, une table de bois, carrée, derrière laquelle est placée une chaise. C’est le trône de sa majesté le maître d’école.

Sur cette table, il y a tout ce qu’il faut pour écrire, c’est-à-dire des pinceaux, un bâton d’encre et des godets d’ardoise. On verse un peu d’eau dans un de ces godets, on frotte la tablette d’encre jusqu’à ce que l’encre, ayant une certaine épaisseur, soit propre à son emploi. On tient le pinceau comme pour peindre.

Les objets servant à infliger les punitions sont placés à un endroit apparent : une règle de bois dont on frappe la tête du coupable et parfois ses mains, puis une canne de rotin pour lui administrer une volée sur le corps. Être fouetté avec ce rotin est la plus lourde des punitions ; pour de petites fautes, le maître frappe sur les doigts ; quand on récite mal, sur la tête.

La salle est toute pleine des tables et des tabourets des élèves. Les chaises sont réservées aux supérieurs.

Les élèves s’assoient, soit en face du maître, soit à angle droit avec lui. Leurs tables sont de forme oblongue : quand elles ont un long usage, elles sont une démonstration des habitudes et du talent de découpage de leurs occupants.

Les élèves sont d’ordinaire tous des garçons, car les filles suivent rarement d’autre école que celle de la famille.

J’ai commencé à aller à l’école à six ans. D’abord, j’étudiai les ou-