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ses belles-filles, et il ne s’en suit pas qu’elle s’entende avec les autres et que celles-ci soient d’accord entre elles.

Toute famille a son linge sale, dit-on en Amérique. Cela est vrai de la famille chinoise comme de toute autre.

Ma grand-mère avait un caractère qui imposait le respect.

Aussi, dans son gouvernement d’une grande famille, ne trouvait-elle pas beaucoup de difficultés.

Elle avait un talent d’administration de premier ordre et dès lors nous jouissions d’un beau lot de bonheur domestique.

IV
Jeux et Passe-temps

Les sports actifs des enfants chinois sont peu nombreux. À proprement parler, ce ne sont pas réellement des sports qui développent les muscles et donnent à un garçon de la grâce et de l’agilité. En Chine, un garçon de seize ans est aussi grave, aussi posé qu’un grand-père en Amérique. Et, s’il se marie peu de temps après, il renonce à beaucoup de jeux qu’il juge enfantins. Jamais, d’ailleurs, il n’a rien connu qui ressemble au ballon, au foot-ball, au crocket, à la course de bicycle, au patinage, à la glissade ou au tennis. D’ailleurs, il n’aime pas à se donner de l’exercice. Il préfère s’asseoir de longues heures à bavarder et à plaisanter, plutôt que courir et sauter. Il pense qu’il travaille si, de son jeu, il résulte de la transpiration. Ses aînés, de même, voient d’un mauvais œil des jeux bruyants. Ils approuvent des enfants calmes, pensifs, qui soient tout entiers à l’étude.

Mais n’allez pas supposer cependant qu’en Chine les enfants ne jouent jamais. En dépit de nombreux obstacles, le jeune Chinois prouve qu’il est encore un enfant et je vais décrire les amusements extérieurs qu’il préfère.

Le cerf-volant est une récréation nationale. Jeunes et vieux y prennent part et il n’est pas rare de voir un homme en cheveux blancs y jouer en compagnie d’un bambin de dix ans.

Il y a des cerfs-volants de toutes les dimensions. J’en ai vu qui avaient six à sept pieds d’une aile à l’autre. La charpente est faite d’éclisses de bambou qu’on peut facilement courber. Sur cette charpente, on colle du papier de riz très fort sur lequel sont peintes des figures de couleurs vives, parfois un visage d’homme, parfois un oiseau. Dans les grands cerfs-volants, un arc est assujetti au sommet avec un chalumeau en guise de corde, et quand le vent souffle dans le pipeau, on entend sonner dans l’air une musique mélodieuse qui charme tous les spectateurs. Cela leur semble une mystérieuse voix, venant d’un autre monde.

En Amérique, les cerfs-volants ont besoin d’être très perfectionnés. On devrait les construire à la chinoise.

La nervure entre les deux ailes devrait tomber de façon que, des