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main droite et le bol de riz de la gauche, soulève la nourriture jusqu’à sa bouche, y pousse la nourriture avec les bâtonnets alternant ce mouvement avec la cueillette de la viande, du poisson ou des légumes dans les plats, qui sont communs à tous les convives. On ne doit d’ailleurs prendre que du côté du plat le plus rapproché de soi.

Quand un convive a terminé, il invite les autres à manger en prenant leur temps. C’est notre façon de dire : « Excusez-moi. »

Les Chinois se lavent toujours les mains et le visage après chaque repas.

En mangeant, on boit du thé. On le prend sans sucre et sans lait. Le café est une rareté en Chine et nous n’avons pas l’habitude de boire de l’eau froide. Le thé est le breuvage national. On le prend pour assouvir sa soif dans toutes les occasions et à toutes les heures où l’on boit de l’eau dans les pays chauds.

À midi on sert un goûter de pâtisserie.

La majorité des Chinois se contentent de deux repas par jour.

Le souper ou dîner est servi à cinq heures du soir.

Dans l’intervalle des deux repas, les dames de notre famille causaient, filaient du lin, brodaient ou recevaient, c’est-à-dire faisaient bon accueil à leurs amies qui les venaient voir en chaises à porteur, les unes pour faire de courtes visites, les autres pour passer la journée.

À midi, on régalait les hôtes avec des confiseries, mais on leur offrait invariablement du thé lors de leur arrivée. Omettre de le faire, eût été un manque d’éducation.

Le soir, quand les lampes sont allumées, les dames jeunes ou âgées jouent aux dominos, racontent des histoires ou bavardent.

Un trait particulier des mœurs domestiques chinoises, c’est que les enfants quand ils sont mariés continuent à vivre avec leurs parents, et que les filles, en se mariant, vont vivre avec le père et la mère de leur mari. Pareil usage entraîne souvent beaucoup de dissensions, et bien des malheurs dans la vie domestique chinoise lui sont dus, mais la coutume existe depuis un temps immémorial et toutes les générations qui se succèdent ont été élevées en vue de cette vie commune. Il arrive parfois que la belle-mère et la belle-fille sont adaptées l’une à l’autre et vivent en bon accord, mais cela suppose que toutes deux ont une idée très haute du devoir et ont le bonheur d’avoir des caractères patients et une humeur facile.

Les Chinois disent que tout dépend du fils ou du mari ; s’il est respectueux pour ses parents, s’il est à cheval sur la discipline familiale, il peut éviter les troubles domestiques. S’il a l’oreille fermée aux plaintes de la femme, la paix sera sauvegardée. Mais le fils ou le mari peut pencher d’un côté ou de l’autre, et tantôt concevoir du ressentiment contre sa mère et tantôt agir injustement à l’égard de sa femme.

D’habitude, le père évite les grosses bourrasques et joue le rôle de pacificateur. Mais alors même que la belle-mère s’entend avec une de