sages, et parfois l’on prédit les vicissitudes de sa destinée avec une surprenante précision.
En vue de chasser les influences malignes de la tête d’un enfant, la classe riche dépense souvent de très fortes sommes.
À chaque dieu, surtout au Génie de la Longévité, l’on fait des vœux, l’on promet des offrandes annuelles, si le dieu se fait le protecteur de l’enfant et le tire des mauvais pas ; et alors, bon gré mal gré, l’idole est supposée tenue d’être le gardien tutélaire du nouveau-né. Ainsi d’aveugles diseurs de bonne aventure sont payés pour intercéder en faveur du baby auprès de leur idole particulière. Si vous viviez en Chine, vous connaîtriez toute la séquelle d’amulettes que portent les jeunes garçons. Elles sont quelquefois d’or ou d’argent, mais souvent ces colliers sont composés de simples morceaux de papier sur lesquels sont des caractères mystérieux tracés par des bonzes ; ces mots sont supposés efficaces pour chasser les mauvais esprits. Les bonzes, les diseurs de bonne aventure, les loueurs de pagodes, les voyants, les astrologues font de ces petits objets un fructueux commerce. Pour ces talismans, et la bienveillance de l’idole étant une question de vie ou de mort, de bonheur ou de malheur futur pour l’enfant, le pauvre aussi bien que le riche dépense l’argent nécessaire, et, pendant toute la vie de leur progéniture, les parents paient une redevance annuelle pour ces amulettes.
Au jour correspondant à mon jour de baptême, les amis vinrent me voir et féliciter ma famille, et il y eut fête en mon honneur.
Lorsque les convives s’en vont, ils emportent chacun une tranche de porc rôti comme un souvenir pour le retour.
Car vous saurez que le porc rôti est le plat national de la Chine, aux jours de réjouissance. Aucune circonstance ne va sans cela, ni solennité religieuse, ni cérémonie en l’honneur des ancêtres, ni mariage, ni anniversaire.
Une particularité de la fête dont je parle fut que ma mère eut la permission de prendre tant qu’elle voulut de pieds de cochon assaisonnés au gingembre. C’est une croyance qu’une femme pourra allaiter plus abondamment son baby, si elle se rassasie de ce mets délicieux.
Les remarques que j’ai faites depuis me conduisent à supposer que, comme c’était l’hiver, j’étais emmailloté dans des langes, et je crois que le poids de ces vêtements aurait étouffé un baby américain de constitution ordinaire. D’abord, il y avait plusieurs chemises de dessous, en coton ; puis, une jaquette, puis une seconde jaquette ; puis, une robe ouatée ; ensuite, une jupe de calicot éclatant ; enfin, sur le tout, une bavette ou mentonnière. Je portais aussi un bonnet ; mais l’on ne me mit pas de souliers avant que je fusse capable de marcher. Ma tête était rasée, excepté une mince touffe, qui était le commencement, l’embryon, puis-je dire, de ma queue future.
Puisque nous avons parlé de l’hiver, sachez que le climat de ma ville natale est semblable à celui de Canton qui est situé à 75 milles