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Leur mort te fut libation plein la coupe
Du lieu de falaises en croissant de lune.

Tu remportas le grand triomphe
Sur le sable de la mer, ces innombrables légions.
Car pour le grand triomphe il suffit de quelque cinq mille ennemis
restés sur place ;
Et revêtis légitimement la toge palmée,
Et à bon droit tu élevas la Tour ardente de douze étages en ta
mémoire,
À Boulogne.
Pour avoir fait prisonniers tous les coquillages du rivage
Par tes Gaulois de haute stature, aux cheveux rougis à la germanique,
Tes beaux Gaulois de taille triomphale.

Tu poursuivis de ta Juste colère
Les Juifs alexandrins
Qui t’ont préféré leur dieu sans nom.
Or, Dieu a un nom
Puisqu’il s’appelle
Caius.

Ô comme ta main sur la joue de celui qui n’aurait pas applaudi
ma danse,
Ta bouche sur ma bouche au milieu du spectacle interrompant ma
danse !

— Il parle de Caius, grommela Claude. Je ne me rappelle plus bien si j’ai interdit de renouveler la mémoire de ce mort… Oui : je me suis opposé à ce que le Sénat le notât d’infamie… mais j’ai été la nuit faire disparaître toutes ses statues !

— C’est Apollon et c’est Orphée, dirent des voix dans le peuple. Si l’on ouvrait les carcères, les bêtes, lâchées par le cirque, se coucheraient…

— Peuple, couche-toi ! cria Messaline.


Et toujours Mnester ondule et se disloque, et le bruit de sa voix sourde est comme un roulement d’engrenages précieux et terribles, et toujours chaque partie de son corps, où qu’elle s’égare, est suivie amoureusement d’un morceau de soleil.

Il jongle avec les débris du soleil.

Claude, qui raffole des bons mimes, à ce point qu’il restait à rêver devant la scène vide pendant que le peuple allait dîner,