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de Claude, le cinquante-huitième, au théâtre de Caligula ou plutôt sur une estrade au pied de l’obélisque de granit rose de Caius, au milieu du cirque de Caius, au son des flûtes, de l’hydraule et des scabelles pneumatiques, Mnester dansa.


La tunique d’écailles d’or frémit au soleil comme le vent hérisse l’échine d’un fleuve.

Toutes les parties de son corps souple ont l’air de jongler les unes avec les autres, et chacune, où qu’elle aille, est suivie amoureusement d’un morceau de soleil.

Et pour la première fois, depuis que des pantomimes avaient commencé, sous Auguste, d’illustrer par le geste une poésie chantée par un chœur ou par une seule voix, ce fut la voix même du mime — on eût dit un bruissement plus sourd des parures de sa danse — qui chanta.

Un bruissement plus sourd : sa voix est moins une voix, tant elle est grave, que le son de trompe des scabelles, ces semelles creuses du danseur, d’où chaque bond expulse l’air sur une note unique ; ou le gémissement des entrailles de la terre répondant à la vibration de l’instrument à plusieurs têtes, l’orgue hydraulique du cirque, mû par la vapeur d’eau, inventé par la déesse Pallas, construit en forme d’autel par Pindare Ctésibios d’Alexandrie, décrit par Pindare le poète, Héron, Claudien et Vitruve ; imité, dit Cornelius Severus, par l’Etna, et sur quoi Néron fit vœu de se faire entendre, un jour qu’il tomba en péril de mort.

Le mime chanta :

— Au milieu de ton cirque, Caï, je danse.
Je danse au soleil.
Dans une splendeur pareille.
Ô ma belle idole peinte, tu parus sur un char rempli de tonnerre.
Et ta bouche buvait l’éclair
De la barbe d’or du cocher roux !

Tel encore, tu te berças en soie pourpre sur ce pont qui fit de la
mer la terre,
À Baules,
Illuminant l’abîme de ta chlamyde en pierreries de l’Inde.
Ont suivi plonger tes reflets les milliers d’hommes
Qui se pressèrent pour te voir.