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Tout disciplinaire puni de salle de police, qui fume, même en dehors des locaux disciplinaires, est sévèrement puni.

La punition de salle de police entraîne également l’obligation de faire le peloton de punition le dimanche.


PRISON SIMPLE

Le régime de la prison simple est le même que dans l’armée régulière ; l’instruction du 26 septembre 1874 fixe la nourriture au pain et à deux soupes dont une sans viande.

Les prisonniers n’ont droit à aucune allocation de liquide, vin, eau-de-vie, café, tabac. Ils sont assujettis au peloton de punition. Le peloton, qu’en langage argotique les soldats nomment le bal, diffère essentiellement de celui de l’armée régulière, par suite de l’abus que les gradés font du pas gymnastique, et de la perpétuelle menace du conseil de guerre pour refus d’obéissance qui pèse sur les punis.

Le peloton de punition[1] est l’exercice que l’on impose aux punis de prison[2]. Dans l’armée régulière le peloton de punition est quelquefois fort dur lorsqu’il est commandé par certains gradés ; mais, quelle que soit la manière dont on le mène, il ne peut atteindre le degré auquel il parvient dans les compagnies de discipline. Déjà, en raison du climat, pour les troupes régulières d’Afrique, le peloton n’est pas comparable à celui des troupes régulières de France ; mais, à la discipline, c’est le pas gymnastique et sous un soleil de feu. Et à la torture physique se joint la torture morale : la crainte terrible que chaque pas, chaque geste serve de prétexte à l’ordre formel.

Pour comprendre ce qu’est à Biribi le peloton de punition il faut avoir durant des semaines, des mois, tourné sur une piste qui quelquefois n’a pas deux mètres de rayon. Il faut avoir six heures par jour, sous l’accablant soleil, porté le barda monumental qui imprime dans les épaules écorchées les bretelles du sac. Il faut avoir eu, six heures par jour, le bras crispé sur le fusil, baïonnette au canon, et presque perpendiculaire à l’épaule. Il faut avoir tourné au pas gymnastique, dix, quinze, quelquefois même trente minutes sans discontinuer.

Ce terrible pas gymnastique qu’il faut courir quand même, ahannant, congestionné, suffoqué, parce que le chaouch est là vous guettant, flanqué des deux témoins qui, si vous tombez, constateront le refus d’obéissance ! La peur des deux ans de prison fait accomplir ce tour de force ; elle fait réaliser des prodiges de volonté ; elle vous empêche de trébucher.

  1. Appelé également la pelote, le bal, le peloton de chasse. Pour dire « être au peloton », les soldats emploient l’expression être sur la piste.
  2. Les punis portent le nom argotique de bagneux. Cette appellation est très usitée.