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sa main gauche. Les médecins assuraient qu’il devait cruellement souffrir. Lui, non seulement ne se plaignait jamais de son état, mais, les yeux fixés sur l’image sainte, avec des signes de croix et un continuel sourire, ne cessait d’exprimer à Dieu sa reconnaissance et sa joie pour l’étincelle de vie qui se conservait en lui. Des milliers de pèlerins vinrent le visiter et on ne saurait croire quel rayonnement bienfaisant projeta sur le monde cet homme incapable de toute activité physique. Ce paralytique fit assurément plus de bien que tant de gens bien portants qui s’imaginent accomplir en divers établissements une besogne utile au monde.

Tant que l’homme conserve un souffle de vie, il peut se perfectionner et être utile au monde. Mais il ne peut être utile au monde qu’en se perfectionnant et se perfectionner qu’en étant utile au monde.


Léon Tolstoï