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berg, poèmes en prose, cantilènes, litanies, litanies, suivies de trois nouvelles étranges.

Léon Blum


LES FEUILLES

Les feuilles de Zo d’Axa (Société libre d’édition des gens de lettres).

Dans ce livre d’étrennes révolutionnaires que faut-il louer le plus, du texte de Zo d’Axa ou des illustrations de Steinlen ? Les deux manières s’opposent plus qu’elles ne se complètent. Aux gravures se lit une observation des caractères, une curiosité de la vie, le sentiment des foules et des individualités collectives ; au texte l’écrivain manifeste surtout sa personnalité.

Les allures de Zo d’Axa sont assez « talon rouge » : un talon révolutionnaire, iconoclaste, qui piétine les cultes et les sensibilités vulgaires et veut un tapis de simarres. Son esprit va d’un bond à l'encontre des idées reçues et s’y campe. Il a le sens aristocratique de la cruauté et l’élégance de diriger ses attaques en haut, différent en cela de Tailhade ou de Bloy qui drapèrent souvent d’invectives somptueuses les plus pauvres clercs.

Zo d’Axa bataille pour son plaisir, sans haine profonde et sans espérance. Il a choisi le jeu des lettres et du hasard, pour y affirmer son adresse. Nul n’incarne mieux que lui le dilettantisme de la Révolution ; il se supériorise aux hommes en les attaquant, aux événements en les jugeant, aux foules en s’isolant. C’est une attitude. N’allez point lui demander une autre tactique : il reste franc-tireur et sait viser les chefs. Sa prose même a besoin de marcher seule.

Au contraire de tant de recueils d’articles qui ne devaient point sortir des colonnes quotidiennes, j’aime ce livre qui relie quelques