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La Quinzaine dramatique

Vaudeville. Le Faubourg, comédie en quatre actes de M. Abel Hermant. — Palais-Royal. Coralie et Cie, pièce en trois actes de MM. Albin Valabrègue et Maurice Hennequin. — Athénée. La Mariée du Touring-Club, vaudeville en quatre actes de M. Tristan BernardOdéon. France... d’abord !, drame en quatre actes en vers de M. Henri de Bornier. — Comédie-Française. La Conscience de l’Enfant, comédie en quatre actes de M. Gaston Devore. — Théâtre- Antoine. L’Argent, pièce en quatre actes de M. Émile Fabre. La Peur de souffrir, pièce en un acte de M. André Rivoire. — Gymnase. La Layette, comédie en trois actes de M. Sylvane.

Si démesuré, si anachronique que puisse paraître le mot de satire, c’est pourtant le seul qu’il convient d’appliquer aux productions dramatiques de M. Abel Hermant : aussi bien il en faut restreindre la portée, car M. Abel Hermant manie avec plus d’élégance que d’énergie le fouet légendaire. On a pu le constater dans la Carrière, dans les Transatlantiques, même dans la Meute, une comédie charmante et forte et dont l’accueil fut injustifié. Le Faubourg, qui a déjà quitté l'affiche du Vaudeville, est une œuvre du même type, de conception plus ambitieuse, d’expression moins réussie. qu'on qu’on ait goûté dans les précédentes une construction plus solide : mais elles valaient par des agréments de détail, abondants, heureux, ingénieusement appropriés. Cette fois M. Hermant a voulu serrer son sujet de plus près, sans prendre la précaution de le préciser. Plus exactement, il y a deux sujets dans le Faubourg, l’un extérieur, l’autre intime, qui s’exposent successivement au cours des deux premiers actes, méthode encore acceptable puisque le troisième devait les réunir, les fondre l’un dans l’autre, pour établir le conflit définitif. C’est ici que M. Hermant a manqué de souffle sinon de clairvoyance : il a traité, non sans vigueur, mais sèchement et presque en vulgaire scène de ménage, celle où Alain d’Entragues en présence de « l’étrangère » est reconquis par les préjugés de son monde et les traditions de sa race, préjugés qu’il avait bannis, traditions qu’il avait bafouées. Ce conflit n’apparaît que confusément, l’auteur ne fait que l’indiquer, sommairement, à la hâte, dans la scène principale après l’avoir effleuré dans une scène épisodique, la mieux venue de l’ouvrage. Et c’est tout, et le dernier acte résout arbitrairement un problème qui ne fut pas posé.

Il va sans dire qu’on retrouva ça et là au cours de ces quatre actes les qualités d’esprit et d’observation assez aiguës qui distinguent l’auteur de la Carrière, mais nous ne pouvons oublier que M. Abel Hermant est aussi l’auteur d'Amour de tête et du Cavalier Miserey, et de celui-là nous continuerons à exiger davantage.

De l’interprétation il n’y a pas grand chose à dire, sinon que M. Guitry y fut tout à fait admirable, malgré la manifeste infério-