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M. Henri Héran procède par larges taches de blanc et de noir ; le masque ainsi établi, un trait ferme accentue le détail, donne l’expression, la vie.

M. Henri Héran était appelé à rendre célèbre le nom de Paul Hermann qui lui appartient patronymiquement. Afin d'éviter toute confusion avec Hermann Paul, il a choisi les quatre syllabes de Henri Héran, quatre coups de burin qui emportent le cuivre.

Charles Saunier


EXPOSITION LÉVY-DHURMER[1]

Avec les murs emmitouflés de ce hall coquet et exigu : un boudoir, — la trentaine de pastels et peintures s’harmonisent : c’est comme des ailes de papillons qu’on aurait appliquées, les ailes velouteuses des gros papillons du soir et de l’automne, ces ailes ou fauves ou bleuâtres : couleur de l’antonyme et de la nuit et du crépuscule, et dont les ocelles multiplient de vagues visages ; de la poussière de couleur, une buée de couleur ; le visiteur a peur, devant, d’avoir trop fortement respiré. Les plus vigoureuses, les plus intéressantes — et leur vigueur détone parmi ces apparitions effacées — s’intitulent Masques : masque de M. Claretie, masque de M. Cornély ; et les quelques autres portraits sont aussi des masques : l’épiderme facial découpé, tranches de visages sans les os, sans le crâne ; le buste de Mlle Moreno, dans son rôle du Voile, s’étale, mat et blanc, tout en surface, ainsi qu’une hostie. Le reste, évocations d’un symbolisme cherché, et un peu court (parfois rappelant, titres, présentation, idée, et jusqu’au même bleu, tel le Silence, Osbert). fait voisiner la Grèce. l’Évangile, la Bretagne, les légendes, les bois et leurs frissons, etc. : Il était une fois une princesse, les Mystères de Cérès. Notre-Dame de Penmarch. Il neige des feuilles, la Cruche cassée (...demoiselle toute nue. vue de dos, mais d’agréable physionomie) : le mystère y est commodément suggéré par le flou des silhouettes noyées dans une pénombre versicolore. les problèmes de l’âme par une figure aux yeux battus, et qui ubiquite avec indiscrétion. Cela témoigne de la virtuosité de l’artiste, et de la variété de son inspiration, mais aussi d’une bienveillance un peu outrée à plier son art aux aspirations spéciales de la mode et du monde, du beau monde à qui ne déplait pas quelque maniérisme de bon ton. Or, les Masques, d'une toute autre facture, aussi d’un tout autre effet, montrent ce que pourrait le peintre, laissant avec franchise, sans habileté, bêtement, son tempérament aller : la différence est telle que les autres ouvrages ne semblent pas du même peintre : et cela est ; ils sont de son public.


FÉLICIEN ROPS ET LOUIS LEGRAND[2]

Des Rops, de beaux Rops, originaux, ou valeureusement interpré-

  1. Hall de la Société d’éditions artistiques, 50, Chaussée-d’Antin, Paris.
  2. Chez l’éditeur Pellet, 9, quai Voltaire, Paris.