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motifs de reconnaissance divers, on avait l’habitude d’offrir de ces beaux présents au jour de l’an.

Les autres tantes n’étaient auprès de celles-là que des tantes éloignées ou accessoires, semblables aux cousines ou aux alliées de degré vague et incertain, desquelles l’on se contente d’ordinaire d’accepter les carrés de caramel que du bout de leurs engageants doigts elles vous offrent.

Quand Clara, Sophie et Juliette se furent réinstallées dans le quatre places, avec sur leurs genoux leurs emplettes soigneusement posées, l’on se dirigea donc, à travers le boulevard et les petites baraques du jour de l’an, vers la première de ces tantes, la Capitan.

Une fois là, l’on abandonna la cigogne en peluche et la souris dans les prix doux aux soins de l’automédon, emportant l’unique boîte chinoise d’un goût à la fois si riche et si distingué vers celle à laquelle on se disposait à l’offrir.

Mais juste, la voiture aux petits quadrupèdes jaune-clair, couverts sur le dos comme de braise noire stationnait déjà devant la porte de cette tante.

— Voilà que nous allons rencontrer les Lemur, de même que l’année dernière, dans toutes les visites que nous ferons !… s’écria Clara.

— Ce sera bien amusant, dit Juliette… n’est-ce pas, sœur ?

— Oui !… fit Sophie radieuse.

En effet, comme on parvenait au deuxième étage, on les vit, les Lemur, une seconde fois en chair et en os en face de soi.

— Enchanté !… fit Norbert, du même ton badin et avec son éternel sourire,… et permettez-moi de vous représenter mes souhaits !

— Nous vous représentons les nôtres, mon cher Norbert !… fit Mme Pulchérie.

— Mon petit Pulcho,… dit Mme Lemur, je n’ai plus les marrons, mais je t’offre tout de même l’amitié !

— Bonne année, bonne santé et le reste !… conclut M. Bidoure en train de repasser son haute-forme avec sa manche, afin de lui ajouter le luisant.


La tante Capitan était une mafflue avec bonnet de dentelles, robe à crinoline et à tralalas,… même à traderideras.

— Bonne année, ma tante !… s’écria Mme Bidoure la baisant, aussitôt entrée, au front.

— Bonne année, ma tante !… continua M. Bidoure, la baisant également, au même front, après lui en avoir demandé la permission.

— Bonne année !… clamèrent ces trois demoiselles la baisant aussi, qui au menton, qui à la joue, qui sur l’œil, tandis que la dernière, Clara, porteuse de la boîte chinoise, riche et distinguée, la lui remettait en mains propres.

— Ah ! que c’est gracieux vraiment, mes petits enfants, de penser