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l’amitié que j’ai pour Germaine ne fera qu’aller en augmentant. Elle ne vous a vu qu’une fois à La Marche, il y a quatre ans, pour la fête du Quinze Août, vous rappelez-vous, cher bon-papa ? eh ! bien, elle a gardé un très bon souvenir de vous, et elle se souvient parfaitement que vous lui avez offert une belle fleur de votre petit jardin…

Cher bon-papa, je ne veux pas vous ennuyer plus longtemps de mon bavardage, et je me sauve bien vite. Encore une fois, bonne et heureuse année, et de bons et affectueux baisers de votre petite-fille bien aimante.

Yvonne Martin-Martin.

Maman me charge de vous dire qu’elle vous écrira demain, mais qu’elle fait partir pour vous une petite caisse de fruits confits.


Mademoiselle Yvonne Martin-Martin,
chez Monsieur Martin-Martin, député, Paris.
Chère Yvonne.

Vous avez peut-être su par Monsieur Bedu-Martin, votre grand-père, que nous nous étions absentés de La Marche pendant quinze jours, et, de là, chère amie, le retard de ma lettre ; excusez-moi, je vous en prie ; je serais tout à fait ennuyée que vous ayez pu penser un moment que je vous oubliais ! Pourtant votre longue missive, si détaillée, si intéressante, demandait une réponse immédiate : mais, vous savez ce que c’est, chère amie, et c’est pourquoi je compte beaucoup sur votre indulgence à mon égard : quand on voyage on ne s’appartient plus !

Ma mère et moi avons été chez une vieille amie qui a une magnifique propriété à cinq heures de La Marche. Nous n’avons pas eu lieu du reste de le regretter, car ces quinze jours ont passé trop rapides à mon avis, je me suis tellement amusée, chère Yvonne !

Nous étions très nombreux, beaucoup de jeunes filles, par conséquent beaucoup de gaîté ! J’ai eu le plaisir de faire là la connaissance de votre charmante cousine, mademoiselle Jane Roche, nous avons beaucoup causé de vous, elle m’a dit avoir reçu un long journal de votre vie parisienne, et elle a même eu la gentillesse de m’énumérer tous les plaisirs que vous avez eus ces dernières semaines. Je vois avec bonheur que, quoique vous amusant bien, vous ne nous négligez pas, nous autres petites provinciales…

Nous avons passé chez la vieille amie de ma mère juste quinze jours, et si papa ne nous avait pas écrit lettre sur lettre qu’il voulait absolument que nous rentrions à La Marche, je crois bien que nous serions encore dans cet agréable séjour…… Croiriez-vous, chère Yvonne, que nous avons même joué la comédie ! La vieille amie de ma mère a un cousin, substitut à Saint-Geniès, et fort original : il fait des comédies de salon ; c’est sous sa direction que nous avons joué une petite pièce de lui tout à fait charmante, intitulée :