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d’autant qu’à ce que je crois comprendre, ma décoration arriverait dans un bon moment pour vous et pour le parti, car on sait que je vous suis tout dévoué, et cela serait de nature à porter un grand coup, et à vous rallier bon nombre de suffrages, de voir que vous m’avez fait décorer.

Excusez le décousu de cette lettre, mon cher député, et croyez-moi votre inaliénable,

Gélabert, professeur d’agriculture.

Peut-être ne sera-t-il pas mauvais de rappeler au Ministre qu’en 1870, j’ai fait partie des mobilisés du Plateau-Central comme capitaine, et qu’à la révision des grades, après la guerre, on m’avait offert de me conserver dans l’armée régulière comme sous-lieutenant, ce qui fait que, si j’avais accepté, je serais probablement commandant à l’heure actuelle, et sûrement décoré.


Du « Petit Tambour » :

Un nouveau légionnaire

Nous croyons savoir que la prochaine promotion de la Légion d’honneur comprendra le nom de M. Aristide Gélabert, notre sympathique compatriote, le distingué professeur d’agriculture du département. Tout le monde au Petit Tambour applaudira à une décoration qui récompensera si justement l’homme de bien, le fonctionnaire irréprochable, le républicain convaincu, et aussi, ne l’oublions pas, le vaillant officier de l’Année terrible. De semblables distinctions honorent à la fois le citoyen qui les reçoit et le Gouvernement qui les donne, et nous nous plaisons à deviner ici la main discrète et délicate, l’intervention puissante et toujours efficace de notre éminent député M. Martin-Martin, qui mieux qu’aucun autre était à même de rendre et de faire rendre justice à la valeur de M. Gélabert, à son dévoûment politique, et à l’inébranlable fermeté de ses sentiments républicains.


Monsieur Martin-Martin, député, Paris.
Mon cher ami,

Tu connais mon opinion sur les décorations, Légion d’honneur, ou autres balivernes ; du moins faut-il que cet attrape-nigauds nous serve à prendre des imbéciles de quelque utilité, de quelque importance ; or ce qui est pour toi, en ce moment, de première importance, ce sont les élections sénatoriales, et il ne faut pas te dissimuler que cela ne va pas tout seul ; à tort ou à raison, vous vous êtes entêtés sur la candidature de ce pauvre Moulin dont le titre le plus clair à faire un sénateur est d’être à demi-gâteux, par avance. Il faut pourtant que nous le fassions réussir, et il réussira ; seulement il convient