c’était de l’appeler assassin quand il exerçait ses sauvageries atroces, quand il pouvait vous faire fusiller par le sergent Ernest Roche ; et ce qui ne serait pas ridicule, ce serait d’appeler M. Jules Guérin assassin si le ministère Waldeck-Rousseau avait été mis en minorité. Jusque là ayons du courage civique, mais évitons le courage civil, celui qui s’exerce quand il n’y a pas de danger.
Donc le groupe socialiste de la Chambre s’est morcelé en plusieurs groupes nouveaux ; nous aurons le groupe socialiste-révolutionnaire institué par M. Vaillant et, provisoirement, le groupe institué par les disciples de M. Guesde ; et nous garderons les débris de l’ancien groupe socialiste, qui continueront à s’appeler « le groupe socialiste » de la Chambre. Enfin, comme si ce n’était pas assez, les disciples de M. Guesde se sont eux-mêmes partagés au moment du vote, les uns votant pour le ministère et les autres s’abstenant. Cette hâte et ce plaisir évident qu’ils ont tous eu à faire bande à part, à communiquer à la presse des déclarations, des ordres du jour, des procès-verbaux donnerait fâcheusement raison à ceux qui ont pensé que les chefs des écoles socialistes n’avaient pas consenti sincèrement à l’entente socialiste.
Que les chefs d’école prennent garde. Il n’est pas certain du tout que ce soit par les scholarques et par les scholars du socialisme que la Révolution sociale sera faite ; l’insincérité, qui est dangereuse pour des chefs de bourgeois, serait mortelle pour des chefs de socialistes.
Nous prions tous ceux qui se sont abstenus lundi de vouloir bien considérer ceci, et M. Alexandre Zévaès n’est pas si éloigné de ses études qu’il ait oublié les plus simples notions de l’arithmétique : toutes les fois que dans un scrutin deux partis sont nettement aux prises, — et tel était le cas, — tout électeur inscrit qui s’abstient émet en fait un vote favorable à celui des deux partis qui triomphera ; si le ministère avait été mis en minorité, M. Alexandre Zévaès et M. Édouard Vaillant et Les autres auraient été personnellement responsables de ce qui aurait suivi.
Il ne s’agissait nullement, comme l’a fait M. Hubert Lagardelle dans son Mouvement socialiste, d’établir des équilibres savants ou des contrebalancements doctoraux entre « deux tendances unilatérales contraires » ; il ne s’agissait nullement « de savoir si l’action parallèle allait se transformer… en une action combinée », car il ne s’agissait pas de choisir entre deux métaphores ; il ne s’agissait nullement de Catilina, car la République française n’est pas la République romaine : il s’agissait de participer loyalement, sincèrement, humainement à l’action d’aujourd’hui comme elle se présentait en France, parce que nous vivons en France aujourd’hui, parce que nous ne vivons ni à Rome, ni dans l’antiquité, ni dans le domaine des théories, ni dans le royaume des formules, ni dans la république des livres.
Il faut d’abord, et surtout, et toujours que l’on soit sincère ; l’insincérité est beaucoup plus grave que le « confusionnisme » : or il n’est