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VI
LE MAJOR GÉNÉRAL À M. MIRMAN
30 décembre 1897.

S. M. l’Empereur, M. Mirman, me charge de vous témoigner tout son mécontentement. S. M. s’étonne qu’avec l’influence que vous possédez dans le monde universitaire, vous n’ayez pas su mettre cette influence à son service. S. M. pensait que vous sauriez tirer un meilleur parti du syndicat des maîtres-répétiteurs, et de toute cette affaire-là. Au reçu de la présente faites dresser immédiatement un état détaillé de ces jeunes gens. Marquez ceux qui sont pourvus de diplômes es sciences pour que M. le Directeur de l’artillerie leur adresse aussitôt les manuels d’artillerie et de fortification qu’ils doivent étudier. M. le Directeur de l’Infanterie adressera ses manuels à ceux diplômés dans la partie des lettres. Il faut qu’avant un mois ces jeunes gens aient une teinture générale d’instruction militaire et puissent servir dans les corps comme sous-lieutenants ou lieutenants. Ils se formeront en route. S. M. me charge de vous rappeler qu’en 1806, lors de la campagne d’Iéna, des jeunes gens qui avaient passé seulement cinq ou six mois à l’École polytechnique furent envoyés à la grande armée et y servirent fort bien. Il n’y a pas de raison pour que le même résultat ne soit pas obtenu, aujourd’hui. Centralisez dans chaque lycée et collège l’état-major des bataillons, et dressez-en les tableaux nominatifs. Faites réunir les cartes d’état-major, et préparer les itinéraires de troupes par les maîtres-répétiteurs, d’après les renseignements de l’instruction générale. Ils devront se renseigner sur les villages avoisinant les villes où ils tiennent emploi, connaître le nombre des maisons et des lits, des places à l’écurie pour les chevaux et préparer sur papier le logement de leurs bataillons, en utilisant pour ce travail leurs heures de congé régulier. Dites bien à ces jeunes gens que la guerre sociale durera pour le moins autant que les guerres de l’empire premier ou celles de religion, et qu’il y aura des situations à prendre pour tous ceux qui donneront la preuve de leur initiative et de leur intelligence. L’exemple des Moreau, des Gouvion Saint-Cyr, doit les encourager. Veuillez, M. Mirman, conformer votre conduite aux intentions de S. M.

Le Major général, prince
de Neuchâtel


VII
L’EMPEREUR À M. ROCHEFORT
1er janvier 1897.

M. Rochefort, laissez un peu toute cette affaire Dreyfus. C’est un roman-feuilleton pour les enfants. Occupez-vous seulement de notre