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Œuvres inédites de l’Empereur

I
L’EMPEREUR À M. JULES GUESDE
26 décembre 1897.

Monsieur Jules Guesde, il faut faire déclarer à tous les membres des syndicats leur situation individuelle au point de vue militaire. Le secrétaire du syndicat inscrira soigneusement auprès de chaque nom d’adhérent le nombre de mois passés au régiment, l’arme où il a servi, le grade obtenu, son corps actuel, son lieu de ralliement, son affectation à l’armée active, à la réserve, à la territoriale, ou à la réserve de l’armée territoriale.

Les syndiqués devront se faire affilier en masse dans les sociétés de gymnastique et de tir de la plus proche localité. S’il n’existe point de ces sociétés, il conviendra d’en fonder une dans le lieu industriel, et conformément aux prescriptions de la loi. On obtiendra ainsi des hommes exercés et en haleine pour le jour très prochain de la guerre sociale.

Les syndiqués devront s’efforcer de connaître la situation militaire de leurs camarades non syndiqués mais qui, en cas de mouvement populaire, seraient disposés à défendre les intérêts du prolétariat. Ils communiqueront ces renseignements au secrétaire du syndicat.

Le gouvernement occulte possède actuellement 150 000 fusils à tir rapide fabriqués en Amérique, 200 000 dolmans, 200 000 havre-sacs, 500 000 paires de chaussures, 200 000 casques de cuir, 200 000 bonnets de police, 300 000 paires de jambières en cuir. Ces fournitures seront amenées prochainement en France par des voies secrètes. Chaque syndicat recevra une partie de ces fournitures selon la déclaration du nombre de ses membres en état de prendre les armes.

Vous me désignerez les magasins appartenant à des négociants de notre parti, afin qu’on y puisse cacher ces fournitures.

Les syndiqués seront répartis, dans le même syndicat, par sections d’infanterie, sections d’artillerie, pelotons de cavalerie. Pour le cadre, on s’arrangera de façon à ce que les sous-officiers changent de fabrique, afin de se disséminer partout où il sera besoin de leur commandement, le jour de la mobilisation.

La concentration devant se faire à l’Est, de manière à opérer la jonction en Suisse entre les forces sociales de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Suisse, de l’Italie, de l’Espagne et de la France, chaque comité de fédération régionale (il faut en créer là où ils manquent) devra étudier la possibilité de s’emparer des moyens de transport dans cette direction. La Suisse est choisie, parce que le pays de montagnes est le plus facile à défendre pour une armée moins nombreuse