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XXXVI
L’EMPEREUR AU MAJOR-GÉNÉRAL

Faites-moi connaître l’organisation et la situation des groupes socialistes, d’après votre recensement. Les employés de chemins de fer sont ils tous enrôlés ? Combien y a-t-il de socialistes français, de terrassiers italiens et de juifs dans tous les régiments ?

Dans chaque ville de province il se fonde de courtes revues pleines de génie. Ces opuscules remplacent excellemment les lettres que s’écrivaient en latin les philosophes et les savants des seizième et dix-septième siècles. Au lieu de rafraîchir des fillettes ou de fumer des cigares meilleurs, ces jeunes gens dépensent leurs louis pour imprimer les vœux de leurs intelligences, sans souci de vendre les fascicules. Cela est héroïque. Il faut les aider et leur dire de fonder entre eux une fédération réelle qui réunirait les rédacteurs de ces cent revues, dont l’appui maçonnique formerait sur toute la France, sans doute aussi à l’étranger, une Ligue Intellectuelle, bientôt très forte. Elle acquerrait une influence sur les jeunes ouvriers, les apprentis, les femmes. Le statut de la fédération imposerait seulement une couleur uniforme aux couvertures, et un sceau symbolisant la lutte contre les Barbares. Chaque revue pourrait tenir toujours prêts une chambre et un lit pour les affiliés en voyage. Il faudrait pourvoir à cela. Organisez à Paris, pour le 1er mai, par exemple, un congrès de Revues.

Les hostilités avec l’Angleterre peuvent commencer avant l’ouverture de la période électorale. Cela retarderait notre mise en campagne. Cependant le 20 mai, si l’ennemi n’est pas en force devant vous, proclamez la commune à Carmaux, Albi, Nevers, Montluçon, Marseille, Nîmes, Givors et Lyon. Les Hollandais se réservent d’agir après le couronnement de leur reine Wilhelmine ; mais ils suivront l’exemple de Paris, si la Commune y est proclamée le soir du ballottage.

Les hostilités engagées, vous ne devrez pas perdre de monde devant les villages et les postes retranchés. Mais vous devez sur le champ faire avancer vos batteries et détruire, grâce à leur supériorité, toutes les fortifications. Faites une guerre d’artillerie. Que les hommes ne marchent que pour recueillir les fruits des succès obtenus avec le canon. Prenez soin de cerner les régiments de cavalerie et de vous emparer des chevaux, car nous en manquerons d’abord.

N.

(Correspondance réunie par Paul Adam.)

— à suivre[1]
  1. Note du transcripteur : la suite n’est jamais venue.