Page:La Revue blanche, t15, 1898.djvu/445

Cette page n’a pas encore été corrigée

XXIX
L’EMPEREUR AU SÉNÉCHAL PICQUART

Monsieur le Sénéchal, j’ai décidé que vous prendriez le commandement militaire des armées du Midi que le Sénéchal Jaurès et le Sénéchal Flaissières doivent concentrer sur le canal de Givors. Votre quartier général sera dans cette ville. Dès que cela vous semblera possible vous tenterez d’opérer la jonction avec les internationalistes de Genève, puis d’entreprendre, contre Lyon, si la Commune n’y est point maîtresse, ou, au nord de cette ville si nos amis y gardent l’avantage. Dans ce cas, vous chercheriez le contact des forces capitalistes, et vous activeriez la concentration de vos unités en vue d’un choc contre les divisions descendues du plateau de Langres. Les hauteurs du Beaujolais et du Charolais vous offrent une ligne de position. Mais si la jonction avec les Suisses vous paraissait difficile devant les corps de Lyon et ceux du Dauphiné, et si la place de Givors couvrait suffisamment vos têtes d’armée, peut-être conviendrait-il de passer le Rhône, d’abord au sud de cette ville, et de mener promptement la campagne d’offensive à travers le Dauphiné où quelques avantages immédiats augmenteraient fortement la situation morale de mes troupes. L’une et l’autre de ces possibilités ne sont d’ailleurs pas inconciliables, si vous employez à cela toute l’énergie, la promptitude, et le talent dont je vous sais capable.

N.


XXX
LE MAJOR-GÉNÉRAL AU SÉNÉCHAL FLAISSIÈRES

L’intention de l’Empereur, M. le Sénéchal, est que vous trouviez le moyen, tout en couvrant Marseille, de faire une démonstration de troupes du côté d’Avignon. Vous vous établirez sur la rive gauche de la Durance, et ferez mine de passer cette rivière. Ainsi vous attirerez sûr vous les brigades de la Vaucluse et du Dauphiné, contre lesquelles le Sénéchal Picquart et le Sénéchal Jaurès dirigeront leurs régiments après avoir passé le Rhône sous Givors. Ils essaieront de les prendre à revers. Par conséquent, envoyez à Nîmes et sur la rive droite du Rhône une partie seulement de vos forces, en gardant l’autre moitié entre la Durance et la côte. Votre quartier général serait dans Arles ou Tarascon, à cheval sur le fleuve. Deux navires japonais débarqueront votre artillerie à Marseille entre le 10 et le 15 avril, dès que le pavillon rouge flottera sur La Joliette. Vous recevrez prochainement un mémoire concernant cette artillerie, les attelages et les munitions. Préparez-vous à réquisitionner les attelages pour deux cents pièces, leurs caissons, forges et prolonges, suivant les instructions de la brochure que le connétable régional a dû vous remettre. C’est grâce à notre supériorité en cette arme que nous pouvons attendre avec confiance le succès. Avant les premières hostilités, vous enverrez un