Page:La Revue blanche, t15, 1898.djvu/444

Cette page n’a pas encore été corrigée

et que l’on vous signalera comme aptes à construire rapidement des moteurs détonants perfectionnés et des torpilles meilleures. S’il n’y a point assez d’ouvriers dans les arsenaux des montagnes, je vous enverrai encore deux ou trois cents anarchistes répartis en deux compagnies d’escadre, et soixante licenciés ès-sciences qui les dirigeront. Voyez aussi quel usage on pourrait faire aux ateliers des femmes dans le maniement des substances. Le Major-Général mettrait à votre disposition six cents institutrices parmi les plus intelligentes, de telle sorte qu’en dix jours elles soient suffisamment instruites pour remplacer les hommes qu’on embarquera sur les nefs. La science rendra le nombre de nos adversaires inutile, comme leur tactique et leur jactance. Les bergers mettront ces troupeaux de brutes à la raison. Le fouet cinglera. Au grand parc on achève de goudronner les nefs : L’Ange-Exterminateur, le Pégase, le Phœbus, l’Annonciateur-des-Fins, la Voix-de-Justice, le Saint-Esprit, les Sept-Plaies. Il serait bon que vous ordonniez que ces bâtiments prissent l’air dès lundi, et terminassent au plus vite leurs essais. Il ne serait pas mauvais non plus de faire visiter les pentes de la montagne conduisant aux plateaux. Malgré qu’on ait choisi les emplacements de telle sorte qu’aucun corps de troupe n’y puisse atteindre à cause de la roideur escarpée des accès, encore conviendrait-il de bouleverser, en certains endroits, par la roburite, les terrains qui sembleraient susceptibles d’escalade. Je m’en remets à vous de tout cela.

N.


XXVIII
LE MAJOR-GÉNÉRAL AU MINISTRE DE LA MARINE

La révolte de Sicile, Monsieur le Ministre, et les conséquences qui peuvent lui succéder, ont changé les intentions de S. M. l’Empereur à l’égard de la flotte. S. M. désire que vous proposiez à l’étude de l’État-major un projet de descente dans l’île qui s’accomplirait simultanément avec le blocus de Gènes, et le débarquement sur ce point, de manière à opérer une diversion à l’heure où l’effort total de nos seize corps se porterait des Alpes en Lombardie. Vous prendriez soin de rédiger à l’avance des proclamations en italien où il serait dit que la France appelle à la Révolution Sociale le prolétariat de Sicile, que les armées françaises interviennent seulement pour répartir équitablement les biens de la terre entre les producteurs et pour établir le système communiste en Italie. Des proclamations semblables seront lancées dans toute la Péninsule, en Bavière, en Autriche, en Bohème, et dans les pays Hongrois. S. M. vous prie de tenir pour assuré, M. le Ministre, qu’au lendemain de la victoire socialiste, il dépendra de Votre Excellence de servir loyalement le Quatrième État, aux conditions dont jouissent aujourd’hui les officiers de la flotte, réserve faite de certaines modifications indispensables.

Le Major général, prince
de Neuchâtel