Page:La Revue blanche, t15, 1898.djvu/283

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’adhésion des puissances à son protectorat étendu sur la côte septentrionale d’Afrique depuis l’Égypte, jusqu’au Maroc ; 5° la formation d’une alliance européenne, entre l’Empire latin, l’Empire d’Allemagne, l’Empire byzantin, l’Empire hongrois, pour l’adaptation économique de l’Asie, et la mise en valeur de l’Afrique Internationale ; 6° un traité de libre échange entre ces puissances.

Il est convenable, Monsieur, que vous communiquiez, dès à présent, ceci aux ministres d’Allemagne et de Hongrie, et que vous assuriez S. M. le Tzar de la stabilité de nos sentiments.

Le gouvernement des peuples que la Providence nous a confiés occupe tous nos moments. Nous aurions attendu que ce statut eût été arrêté par le congrès et nous eût été donné en communication, s’il ne devait pas contenir des dispositions qui nous regardent personnellement. Cela seul a dû nous porter à prendre nous-même l’initiative pour soumettre nos sentiments et nos réflexions à la sagesse de S. M. le Tzar et de ses ministres.

N.


XXV
L’EMPEREUR À M. HANOTAUX
5 février 1898.

Je vous envoie une lettre qui est un trait de lumière. J’ai, en conséquence jugé convenable d’adresser la lettre ci-jointe au comte Mouraviev. Vous l’apporterez ce soir à ma signature. Ne négligez pas les indices qui montrent les sautes d’esprit du cabinet de Pétersbourg. Sur cette affaire du prince Georges et de sa nomination au gouvernement de la Crète, on va prendre des attitudes définitives ; car, après tout, l’Allemagne a les mains liées en Autriche. S. M. le Tzar ne se contente pas de la garantie des banques berlinoises pour l’emprunt chinois. Elle voudrait casser la Triplice afin de ne plus ménager l’Autriche aux Balkans. L’Empereur Guillaume ne sait sur quel pied danser. Il faut convenir que les diplomates moscovites bernent tout le monde. Parlez cependant de haut. Réclamez pour l’Égypte. Si la Russie ne pouvait plus agiter l’épouvantail de la France aux yeux de l’Europe, elle se trouverait mal à l’aise, demain. Il est grand temps d’obtenir quelque chose. Nous sommes floués en tout, par votre imprévoyance, votre incurie, votre servilité. Haussez le ton. Ne cédez rien sur le Niger. Nous devons garder la rive droite. Le prince d’Orléans emporte-t-il assez d’armes pour dix mille Abyssins. Il faut pourvoir à cela ; et dès qu’il sera parvenu dans le Harrar, ne plus cesser les envois à son adresse, tant en armes et munitions, qu’en officiers, artilleurs, ingénieurs hydrographes, mécaniciens de la marine. Expédiez-lui tous ces bacheliers sans places dont parlent les gazettes, et les médecins sans clientèle. Il aura besoin de docteurs et de chirurgiens. Un bachelier sait un peu de médecine, et doit en apprendre vite sur des manuels. Par la médecine abondamment répandue la France s’attachera complètement les Abyssins, Il faut savoir si l’on peut user des automobiles en ce pays.