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ports qui, là, se produiront, lorsque les Belges du Congo, les Anglais du Cap et du Niger, les Allemands de Zanzibar auront rendu fertile le continent équatorial et devront exporter ses produits en Europe, par le nord, au moyen de chemins de fer intérieurs.

Ne perdez pas de vue cette idée, l’idéal demeurant toujours de former la grande patrie européenne par le moyen d’une jonction entre la Duplice et la Triplice, qui mèneraient l’Occident à la conquête industrielle de la Chine, qui multiplieraient, par l’emploi meilleur des forces asiatiques, la production du monde, et installeraient l’aise définitive des hommes.

Vous ferez ces différentes communications avec prudence, modération et sagesse, car l’Empereur désire véritablement ne pas tirer un coup de fusil contre les monarques, le lendemain de notre action internationale. Il regardera cet événement comme un malheur, parce qu’il vient troubler des événements déjà assez compliqués, qu’il l’empêche de songer à la pacification entre le Capitalisme et le Prolétariat, la lutte finie.

Mais autant vous mettrez de prudence, de bonnes manières et de raisonnements pour porter les monarchies au désarmement à notre égard, autant vous serez impérieux, exigeant, si les troupes russes entraient en campagne contre l’entreprise sociale. Vous déclarerez à M. Mouraviev, par avance et en forme de conversation que, si ce cas arrivait, vous avez ordre de demander vos passeports et que, dès ce moment, la guerre serait déclarée. Vous en instruirez par un courrier extraordinaire le major général, afin que les troupes internationalistes se mettent en règle ; et si, effectivement, après vos instances, la Russie persistait à franchir sa frontière de l’Ouest, vous quitteriez St Pétersbourg.

N.


XXII
L’EMPEREUR AU SÉNÉCHAL DOMELA NIEUWENHUIS

Mon intention, si la guerre commence, est de vous donner le commandement depuis Boulogne jusqu’à Wesel et de toute la Hollande. Il peut se faire qu’au lieu de descendre vers l’Argonne, vous soyez invité par les mouvements des socialistes germains à les rejoindre par la Hollande, du côté de Wesel, ou bien entre Trêves et Cologne. La résistance des forces capitalistes serait moindre en Belgique et en Hollande pour vos formations. Ces deux pays pourraient être facilement occupés par les forces socialistes de l’Allemagne et de la France septentrionales qui trouveraient accueil chez une bonne partie de vos populations ouvrières. Ainsi la Suisse et les Pays-Bas deviendraient les deux états communistes vers lesquels émigrerait le prolétariat industriel de l’occident. Formez sans délai le camp d’Utrecht sous prétexte d’un congrès national, et envoyez-moi des plans et des mémoires sur vos places du côté de la Prusse. Il faut qu’en quatre