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vers Langres, par la forêt d’Argonne. Tout se décidera entre Langres et Lyon. Dès les premiers jours de présence avec l’ennemi, il vous arrivera bon nombre de déserteurs. Formez les bataillons, et donnez-leur à garder les points importants. Comme ils seraient passés par les armes, sitôt que repris, ayez pour assuré qu’ils s’y défendront le mieux.

Il faut que vous choisissiez une bonne place d’appui en dessous de Lyon, au cas où la commune de cette ville ne pourrait se maintenir, Givors me semblerait celle-là. Envoyez quelqu’un au courant des choses de tactique et de fortification. Vous m’adresserez ensuite son mémoire. Il y aura mis le plan des écluses avec un croquis de la défense par le Rhône et le canal de Givors. Le premier jour on pourra faire occuper cette ligne par les verriers de Rive-de-Gier, les forces socialistes du département. Au cas où les renseignements de la commune lyonnaise ne nous seraient point favorables, on pourrait faire descendre les canuts sur la ligne de Rive-de-Gier-Givors. Ils attendraient là le sénéchal Jaurès et l’armée méridionale en marche depuis Nîmes. Les socialistes de Montluçon et de Saint-Étienne s’y concentreraient aussi. La commune de Marseille expédierait facilement vivres et munitions par le chemin de fer de la rive droite que le Rhône couvre. D’autre part, nos bataillons de Perpignan, renforcés par les Espagnols, occuperont d’abord les Monts Garrigues et la vallée de l’Aude. Le bataillon de Bessèges gardera les défilés du Vivarais. Nos forces de Saint-Étienne et de Rive-de-Gier demeureraient en ce cas derrière le canal de Givors. Ces dispositions couvriraient à l’Ouest, par les montagnes, la voie ferrée Cette-Lyon qu’il ne faut perdre à aucun prix, puisque nos approvisionnements en vivres et en munitions seront débarqués à Cette ou à Marseille ou sur la côte entre ces deux villes. C’est notre ligne de communication.

Il ne semble pas improbable, qu’au premier signal, les Internationalistes de Genève ne passent en Savoie française pour tâcher de rejoindre par Culoz, Pressins et Givors. Cela fait, on pousserait vers Langres, ensemble. Je vous salue.

N.


XVII
LE MAJOR GÉNÉRAL AU SÉNÉCHAL JAURÈS

S. M. l’Empereur vous fait savoir, Monsieur le Sénéchal, que, s’il vous était impossible de gagner la vallée de l’Aude par le chemin de fer de Castres, son intention est que vous vous portiez avec toutes vos forces dans la vallée du Tarn. Votre quartier général serait à Mende. Vous occuperiez les monts de la Lozère et tenteriez de descendre par les rives de l’Allier, sans trop vous aventurer, mais de manière à tendre la main aux troupes parties de Montluçon-Nevers. Vous auriez derrière vous le Sénéchal Flaissières ; votre droite serait couverte par les bataillons de Saint-Étienne, et votre gauche, par la division