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Œuvres inédites de l’Empereur[1]

XI
L’EMPEREUR AU MAJOR GÉNÉRAL
19 janvier 1898.

Il faut se mettre en mesure ; parler paix et agir guerre. Si le procès Zola comporte des conséquences favorables, il pourrait devenir nécessaire de hâter les préparatifs. Écrivez aux sénéchaux de m’envoyer une situation claire des israélites établis dans leur ressort, afin que l’on voie ceux qui pourront être mis en route d’abord. La plupart nous sont acquis dès maintenant à cause de la sottise des jésuites. Sachez, sous le couvert de la propagande électorale, ce qu’ils veulent. Beaucoup, m’a-t-on dit, retireront leur appui au Pouvoir et le donneront aux révolutionnaires. Faites rappeler dans nos gazettes la biographie, les œuvres et l’influence du juif Karl Marx. Il convient aussi de s’aboucher avec les promoteurs du sionisme. Tâchez en outre de faire tâter les officiers israélites, dont la position devient intolérable dans l’armée. Il nous en arrivera prochainement bon nombre. Dans chaque sénéchaussée, on formera une légion juive. Les sémites, les socialistes, les anarchistes et les intellectuels constitueront une bonne armée. On ne fait pas assez dire que l’état-major actuel date du demi-siècle, que, contemporain des Bazaine, des Mac-Mahon, des Lebœuf, il conserve les défauts de cette époque : hypocrisie, jalousie, ignorance, suffisance, présomption. Il serait urgent de réformer ces infirmes. Mes malheurs de jadis se précipitèrent lorsque mes généraux vieillirent. En 1800, au milieu des victoires, Vandamme, Grouchy, Decaen, Ney, Desaix, Gouvion-Saint-Cyr, Lannes, ne dépassaient guère trente ans ; Moreau, Augereau, ni Lecourbe, quarante ans. Si, en 1810, j’avais renouvelé mon personnel de maréchaux, Moscou serait encore chef-lieu de département français. Les vieillards impotents ne valent rien. Voyez Billot. Il ânonne. Ces invalides ne nous gêneront pas plus qu’ils ne gêneraient les Allemands. Les Japonais ont battu la Chine en quelques semaines. Nous avons encore été vaincus hier au Tonkin. Un « homme » doit être poète ou soldat de vingt à trente, général de trente à quarante, politicien de quarante à cinquante ; ensuite, il doit écrire ses mémoires, un traité de philosophie, ou s’occuper de finances et d’élevage. Répandez de ces propos, parmi les jeunes capitaines brevetés que prépara l’École de guerre. Ils attendent impatiemment la justice qui les mettra en la place des podagres. Ils espéreront en nous. Ils ont en tête le plan de campagne indispensable. Il faut les avoir par ce moyen.

N.
  1. Voir La revue blanche du 15 janvier 1898.