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Maintenant que la paix est faite, on ne peut plus comprendre.

Mais ce qu’on a souffert… mais ce qu’on a souffert !


Quand le soleil luira sur les sociétés libres…

Quand l’âge d’or qu’ont chanté les poètes, reviendra…


Folie ! Il serait revenu depuis des milliers de siècles… Mais retourne vainement le champ si tu sèmes la même graine… Haine et haine ! la victoire épargne des grains de haine, et le monde futur est le même qu’avant si tu y remets l’homme…

Non pas ! Le laboureur est là qui intervient.

Non, tu ne pousseras pas au hasard, grain de blé. Je n’ai pas creusé vainement ta demeure au sillon. Tu suivras cette route que le soc a tracée. Patiemment sous tes pas enlevant pierres et ronces, tel qu’un maître menant son élève par la main, je soutiendrai tes pas jusqu’à ce que tu sois grande, ô Société tout de même meilleure que j’entrevois ! Tu renaîtras, cultivée, amendée, telle qu’un champ…

Et sans doute, je ne suis maître de l’air, de l’eau, ni du feu. Mais je lis leurs desseins sur leur visage, au ciel ; ennemis, amis, je ne m’en laisse guère surprendre, de puissance à puissance je lutte tantôt, tantôt je compose avec eux. Je suis comme eux, et non le moindre, un élément.

N’ayez donc crainte. Que le champ soit vide, les granges seront pleines. J’ai tout prévu. J’ai de bonnes, de meilleures semailles…

La terre nue. Le vent balaie le reste de ce qui y a vécu… Plus rien. On dirait que c’est mort… Pour combien de temps ?

C’est vrai, il y aura peut-être, d’ici le soleil, un peu d’hiver La terre se repose ; il le faut. Et la pluie ! il faut beaucoup de pluie. Il faut pleurer toute sa douleur avant de sourire…

Mais le soleil luira sur une société libre, et l’âge d’or qu’ont chanté les poètes reviendra.

Que la révolte soufflant toute sa rage une fois, emporte donc comme de la vaine feuille, ces formes de salaire et de propriété qu’a grillées tout l’été des races que nous sommes…

Alors, libre, on pourra labourer et semer…

Méthodiquement, savamment, consciencieusement…


Écoute, femme, et toi, petit enfant à moi.,.

Je vous aime. Je voudrais vous faire heureux tout de suite. Il y a de grandes choses en moi. Il faut les accomplir.

Et vous, hommes, humanité, tous, tous, écoutez. Cela vous intéresse énormément. C’est le Bonheur…

Je suis maintenant certain, absolument certain…

— Eh ! bien, donne !

Donne donc ! Ton bonheur, ne le garde pas tout pour toi…


Au fond de ta pauvre vie où ils te consolaient, les yeux de celle que tu aimes se détournent de toi.