sociale ? Trop haut ! trop loin, le nouveau Dieu ! Il ne donnait pas plus à manger que l’ancien. Il aiguisait, croyant la calmer, la souffrance. Révolte ! disait l’un. L’autre : résignation. Rêves, rêves ! Quel vrai bon Dieu dirait donc : mange !
Vide, l’armoire, mort, le feu. Et la nuit traîne toujours.
La tête brûle, elle, la tête pleine si vainement.
Lampe allumée pour que la douleur ne dorme pas, la tête, la tête brûle, et le corps s’y consume, jusqu’à la dernière goutte de ce qu’il peut souffrir.
Si vivre ici, de son travail, est impossible,
Si vivre ailleurs, tenter d’autres patries, impossible,
Et si tu ne viens pas, toi qui rendrais tout possible, — Révolution !
Souviens-toi, Pauvre ! Quand au seuil de l’enfance, t’apparut, telle quelle, en toute son horreur, la vie, là, devant toi… — tu hésitas. Avant de t’y jeter, tu crias grâce !
La Mort ! Le petit qui vient de naître, que la mort abandonne, la rappelle à grands cris… Mort, notre mère à tous.. !
Reviens à elle, enfant prodigue ! Au foyer que tu as quitté, ta place est vide, et l’on t’attend. Si tu reviens un peu plus tôt que tu n’as promis, quand même, avec bonheur on t’ouvrira les bras…
Si la vie simple, ici, morne de labeur… impossible…
Vivre ailleurs, impossible, vivre mieux, impossible…
L’Amérique, trop loin. Le monde meilleur, trop loin ! Mais la tombe, c’est tout près…
Ne pas vivre.
Plus tard, quand tu seras mort, les hommes seront plus heureux.
Plus tard, quand tu seras mort, tu seras heureux, toi-même…
Pour consoler les hommes de la vie misérable, révolte et religions apportent outre-tombe d’indiscutables joies…
Ne pas vivre, ne pas vivre, la tombe tout de suite !
Des malheureux y ont couru, père, mère, enfants, tous ensemble, à la mort qui guérit la misère. Tous ensemble… L’on est bien libre ! Ce n’est pas comme le travail, qui n’est libre que s’il en reste ! La vie mène là par une route longue et dure. Abrège. Cesse d’être exploité, sois mort. Car tu es libre… Arracher au malheur soi-même et ceux qu’on aime, et ceux aussi qu’on aurait pu faire naître un jour… Tous ensemble ! la mort des amants ! Tous ensemble.. comme les armées enveloppées qui cessent la lutte…
Car tu vois bien que c’est la lutte, et toi le vaincu ! La lutte ! c’est au plus fort, au plus méchant. Le travail manque… On pourrait partager. Le pain de même. Partir, fonder de toutes pièces un monde, on le pourrait. Et se révolter, mais tous, tous ensemble… et depuis des milliers d’années ce serait fait.
Si les hommes… — Mais puisque les hommes sont mauvais !