Oui, subitement, comme une ville sort des flots, comme d’un règne de fête une révolte, comme la Mort…
Elle peut surgir…
Terre Promise !
Postulat de tout ce qui vit,
Vague et humble,
Vraie, bonne, toi qui fais ce que tu peux,
Charitable espérance qui nous tiens lieu de foi.
Terre promise, ô Terre à terre, espoir très résigné, idéal très près de nous, simple raison de tâcher de faire mieux qu’on ne fait, horizon à peine brumeux des choses qu’on peut…
Ô non pas élan forcené vers l’impossible, mais borne visible de loin, qui nous marques jusqu’où l’espérance peut aller !
Religion, la nôtre,
La dernière, la plus timide, la plus facile,
Et la plus orgueilleuse, la plus inaccessible : celle que l’homme doit chercher son bonheur sur la terre !
Crise périodique des peuples, phénomène mystique, ordinaire, nécessaire.
Toi qui fus annoncée par les philosophies, et par les utopies, et les réformateurs, et les systèmes de bonheur ;
Toi qui te révélas au jour de la Révolution,
Toi qui te révélas aux jours des Révolutions,
Terre promise que nous promit la République,
Torche qui nous éclaires d’ici la tombe,
Patrie outre-patrie,
Terre Promise !
Toi qui es sur la terre,
Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien,
Et notre repos après le travail de chaque jour,
Et le travail de chaque jour.
Confonds les docteurs,
Laisse venir à toi les petits enfants,
Donne le doute à notre âme faible, étayée de croyances pourries qui croulent. Doute, non pas mensonge ; doute ! le seul appui qui ne craque pas sous nous, — apprenons à nous tenir sur lui solidement.
Terre Promise, que ton règne arrive ; Terre Promise ! ou que la Révolte nous mène à toi !
Pardonne à tous ceux qui nous ont opprimés, et pardonne, si nous ne pouvons pas ne pas nous venger !
Délivre-nous du mal, — ambition, autorité…
Rends-nous la joie de vivre que nous avons perdue,
L’espoir en nous-même qui a sombré,
Qu’en nous la volonté de quelque chose soit faite…
Certitude inconnue,