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rible. Ne pas oublier de prendre à partir de cet endroit le mouvement beaucoup plus vite (que la dernière fois). La douleur de Gunther doit éclater d’une façon bien plus terrible. — Hagen se tiendra toujours auprès de lui. Félicitations.

R. Wagner


[On s’occupait en 1881 de bâtir à Berlin un théâtre de Richard Wagner dont la direction devait être remise à Angelo Neumann. Wagner écrit à ce sujet :]


Mais, mon cher et bon ami, pourquoi m’assaillir ainsi ? Comment puis-je prendre si subitement une aussi importante décision ? J’ai mis vingt ans à fonder Bayreuth parce que de très puissantes considérations m’y poussaient.

Un théâtre Wagner à Berlin ? Rien ne m’aurait été plus facile. On m’en a donné les moyens il y a neuf ans. Mais ce que je voulais faire pour le monde entier, n’était pas praticable là-bas.

Ce que j’ai créé ici, dans la solitude où il faut venir chez moi, une fois clairement mis en évidence, pourra se répandre partout. Cette entreprise sera l’œuvre d’un autre. Soyez cet autre. Vous savez que j’ai confiance en vous.

Mais ce sera exclusivement votre affaire ; je ne puis y participer qu’en vous cédant mes œuvres et en vous donnant la préférence sur tout autre.

Il ne vous faut pas mon argent, mais mon nom ? Comme je vous donne mes œuvres vous donnez aussi à votre théâtre mon nom, mais à l’exclusion de toute question d’autre intérêt. Il faut que Berlin soit votre entreprise et non la mienne. C’est encore bien plus nécessaire si pour la fondation de ce théâtre vou’f vous entendez avec une autre Société artistique, ce qui me paraît fort juste comme idée commerciale, mais ce qui empêche absolument ma participation.

Très cher ami, si vous ne pouvez pas arriver à faire un théâtre Wagner pur, ce que je crois réellement très difficile, renoncez-y plutôt tout à fait.

Parsifal ne peut se jouer autre part qu’à Bayreuth, pour des Taisons particulières qui parurent si fortes à mon auguste protecteur le roi de Bavière, qu’il renonça à une reprise des représentations de Bayreuth sur le théàtrede Munich. Comment pourrais-je, après cela, accepter votre proposition pour Parsifal ? Je ne puis plus le laisser jouer sur un autre théâtre, à moins que l’on ne fonde un véritable théâtre Wagner, un « théâtre de sacre » qui, en se propageant, répande dans le monde, entièrement et fidèlement, ce que j’ai fait sur mon théâtre de Bayreuth.

Tenons-nous en à cette idée, et le jour viendra peut-être où je remettrai Parsifal non à un théâtre de cour ou à un théâtre municipal, mais à une tournée Wagner.

Recevez encore tous mes remerciments pour votre acquiescement