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Pourtant, lorsqu’une troisième fois on vole son trésor suprême — l’eider déploie ses ailes alors, par une nuit de printemps,

S’envole et fend la brume de sa gorge sanglante, — vers le Sud, vers le Sud, jusqu’aux rives ensoleillées.


Projets


Je me le rappelle si nettement — comme si cela venait d’avoir lieu.
Le soir où je vis dans le journal mes premiers vers imprimés —
Assis dans ma tanière, lançant des spirales de fumée,
Je rêvais, je musais, radieux dans mon contentement.

J’édifierai un château, un château par delà des nues. Il luira sur le Nord.
Il aura deux ailes, une petite et une grande.
La grande hébergera un immortel poète,
La petite servira de demeure à une fillette.

Ce plan me souriait, charmante en était l’harmonie,
Mais des dérangements sont advenus depuis.
Lorsque le maître se fut assagi, le château se trouva absurde :
La grande aile était trop petite, la petite aile tombait en ruines.

Henrik Ibsen


Traduit du norvégien par A. Matthey.